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XII.
Incarnation.
G ra ce.
xx Difeours fur i’Biftoire
C-du Saint-Ffprit: donc c'eft une troüiéme pérfonnë, mais fe
même Dieu. ~ . . _ . . ,
Voilà comment les Peres ont prouve le myitcrede h Trinités
Mon par des raifonnemens philosophiques: mais par l’autorite de
l'écritut e & de la tradition. Non fur des principes de metaphy-
fioue- d’où l’on conclut que la chofe doive être ainii: mais iur les
paroles expreifa de Jefus-Chrift, & fur la pratique confiante de
l ’adorer avec le Pere, & de glorifier, le Saint-Efprit avec lun &
l’autre II eft vrai toutefois qu’ils ont beaucoup raifonne iur ce
mvfter'e : mais feulement g autant qu’ils y ont été forcez par les hérétiques,
qui employoient toute la fubtilite du rationnement humain
pour le renverfer. De-là vient que les Peres fe font expliquez
diverfement, félon les différentes objcûions qu’ils vouloient refoudre
Il falloit parler autrement aux payens, autrement aux he-
retiqu "s & diverfement à chaque heretique en particulier ;■& c eit
cette diverfité d’expreffions, félon les. tems & les occafions, qui
a donné fuiet à quelques modernes, d’abandonner trop legerement
fur cette matière de la Trinité les peres plus anciens que le concile
de Nicée. Mais je penfe avoir rapporte dans mes dix premiers
livres dequoi juftifier fuffifamment ces anciens.
La Trinité bien prouvée emporte la preuve de l’incarnation contre
Ebion „Paul de Samofate & les autres, qui ne reconnoiffoient en
Tefus-Chrift qu’un pur homme. Car il n'étoit pas fi difficile de
prouver , qu’il eût eu une véritable chair, contre les Doci.es &
les Manichéens,qui difoient, qu’il n'avoit etc homme, quen apparence.
Pour ceux qui le reconnoiffoient homme, étant certain
par la doftrine de la. T r in ité , qu’il eft D ieu , il n’y avoit qu a
montrer, que pour être Dieu il n’en etoit pas moins homme ;8c
c’eft ce que les Peres ont. prouvé contre Apollinaire , qui vouloit
que le Verbe divin lui tint lieu dame raifonnable. En combattant
rette herefie Neftorius & fes auteurs avoient donne dans 1
exces
oppofé, diviiant le Dieu d’avec l’H omme, & Soutenant que M
Lüs de Marie n’étoit que le temple de la divinité, & un pur homme
• ce qui revenoit à l'erreur de Paul de Samofate. On a donc
montré contre Neftorius, que le meme eft Dieu & Homme; Si
que Tefus-Chrift eft une feule perfonne en deux natures fans
qu’elles foient confofes, comme pretendoit ¡Eutyches. Voila les
deux myftereS,fans la foi defquelsonne peute«eChretiert,puif-
que tout Chrétien fait profeffion d adorer Jelus-Chrift, & q u il
n’eft permis d’adorer ni une créature , ni un autre Dieu que le
feul Tout-puiffant. C ’eft donc une calomnie trop groffiere, quand
les Mahométans, les Juifs & les Sociniens nous acculent de pro-
pofer dans nos Catechifmes des fubtilitez de théologie, & d ea
emharaffer Us fimples. Il faut renoncer a l adoration de Jeius-Chrift.
de; fix premiers Siècles de l’Eglife, xxj
& par confequent au- nom de Chrétien; ou fçavoir quieft Jefus-
Ch rift, & à quel titre on l’adore. _ H
La doétfine de la grâce eft une confequence de celle de 1
Incarnation
Le Fils de Dieu s’eft fait homme pour notre falut : mais s’i l
ne l'a procuré, que par fadoârine & par fon exemple, il n’a rien
fait que n’eût pu faire un pur homme, tel que Moife & les Prophètes
O r Jefus-Chrift a fait plus, il nous a mérité par fon lang,
là remiffion de nos pechez,il nous a envoyé le Saint-Efprit, pour
nous éclairer & nous donner fon amour; qui nous fait accomplir
fes commandemens, en furmontant la refiftancè de notre nature
corrompue. C ’eft ce que faint Paul a fi bien enfelgné, & faint Au-
suftin fi bien foûtenu contre les Pelagiens , qui donnoient tout
aux forces naturelles du libre arbitre: enforte que félon eux, ris
n’étoient redevables qu’à eux-mêmes de leur falut: ils ne dévoient
rien à Jefus-Chrift„&s’étoient rendus meilleurs que Dieu
ne les avoir faits. Pour combattre cette erreur, faint Auguftin a-
fouvent employé les pratiques de l'églife. La priere, qui en général
feroit inutile, fi ce qui nous importe le plus, qui eft de nous
rendre bons, dépendoit de nous. La forme des prières, quia tou-
râurs été de demander à Dieu par Jefus-Chrift, de nous délivrer
des tentations, de nous faire accomplir ce qu’il nous commande,,
de nous donner la foi & la bonne volonté- L utage de baptifer
tes petits enfans, pour la remiffion des pechez: preuve évidente de
k créance du péché originel. T o u s les peres en ont ufe de meme;
à l’égard de tous les mytteres & ont employé les pratiques immémoriales
de l’églife, comme des preuves fenfibles de fa créance.
Ils ont prouvé la trinité par la forme du baptême , Ou les trois
perfo'nnes divines font invoquées également ; & ils ont infiite lur
les trois immerfions qui fe pratiquoient alors, comme une preuve
de la diftinftion des perfonnes. Ils ont tiré de l’euchariftie, une Irà.xxv.«. n r
preuve de l’incarnation, puifqu’il ne ferviroit de rien de recevoir
1 chair d’un pur homme, & qu il ne feroit pas permis de 1 adorer; g g H g j S
C e qui montre une providence particulière de Dieu iur ion egli- ccxn^
fe d’avoir attaché à des pratiques & des cérémonies fenfibles, la
créance des myfteres les plus relevez; afin que les fideles, même
les plus fimples & les plus greffiers, ne puffent les ignorer ni les
oublier Car il n’y a perfonne qui ne fçache, comment il a vu
toute fa vie prier dans l’églife, adminiftrer le baptême & les au*
très facremens.
La doctrine des facremens en général a etc folidement établie par
les d i f p u t e s contre lesDonatiftes, où il a é t é montré, que la vertu
des facremens ne dépend point du mérité ou de l’indigmt»
du miniftre ; & que qui que ce fo it, qui baptife à l’exterieur ; c’eft
toujours Jefus-Chrift qui baptife intérieurement. La créance de