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X X X V I .
Exil de faine A
znand.
V. S• Aman. I
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A B. B. p. 71.
331 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
pour en remplir Tes trefors. Il s’abandonna fans
mefure à l ’amour des femmes. Dés l’année 6z8,
il quitta Gomatrude, qu’il avoit époufée du viv ant
de,l'on p e re , 6i prit à fa place Nantilde , une des
filles qui fervoient dans le palais. L ’année fuivante
huitième de fo n regne , il prit encore une autre
fille nommée Ragnetrude» Enfin il avoit trois
femmei à titres de reines, N a n tild e , Ulfigunde ,
& Berchilde , & des concubines en fi grand nombre
, que l’hiftorien n’a daigné en mettre les
noms.
* Saint A mand, plus hardi que tous les autres évêques
, reprocha ces crimes au roi Dagobert, qui le
fit chaifer honteufement de fon royaume , & le
faint évêque s’en alla dans des païs éloignez prêcher
la fo i aux infidèles. Cependant le roi n’avoit
point encore d’enfans de tant de femmes, & en de-
mandoit à Dieu,: quand il apprit avec une extrême
jo y e , qu’il lui étoit né un fils de Ragnetrude ; &
fongeant par qui il le feroit baptifer, il envoya
chercher faint Amand. Les officiers du roi l ’ayant
enfin trou v é , il revint par obéïffance,: & le trouva
à C lich i prés de Paris. Le roi ravi de le v o i r , fe
jetta à fes pieds , lui demanda pa rd on , & le pria
de baptifer l ’en fa n t , & de le prendre pour fon fils
fpirituel : mais faint Amand craignant que cette
éducation ne l ’engageât dans les affaires féculieres,
contre le precepte de l’A pôtre , fe retira de la pre-
fence du roi. Dagobert lui envoya aufli-tôt deux
des principaux de fa co u r , Dadon & Eloi encore
laïques, mais déjà diftinguez par leur fainteté, qui
L i v r e t r e n t e - s e r t i e ’m e . 33,3
lui reprefenterent que cette familiarité avec le roi, *-------------
lui procureroit plus de liberté pour prêcher par tout • ^3 °*
où il lui plairoit dans fon royaume , & convertir
plus d’inhdeles. Saint Amand fe rendit à leurs prières
, & le roi Dagobe rt fit porter fon fils à O r léans,
où fe rendit fon frere Cherebert qui regnoit
fur une partie de l’A q u ita in e , & qui fu t le parrain
de l ’enrant. Saint Amand l ’ayant pris entre fes rnd^.c.iu
mains , & lui ayant donné la benediétion pour
le faire catecumene, comme perfonne ne répon-
d o i t , l ’enfant qui n’avoit que quarante jours, répondit
clairement, Amen. Auifi tôt il fut baptifé &
nommé Sigebert, & devint enfuite plus illuftre par
fa fa in te té , que par fa naiffancc. C ’étoit la huitième
année du regne de Dagobert : c’eft-à-dire l’an
630.
Saint Amand étoit- né à Herbauge prés de N an - xxxvn.
tes, que l’on mettoit alors en A q u ita in e , comme dfrAuAmand.1’'
étant de l’autre côté de la Loire. Son pere fe nomJ ritac.
moit Serenus, fa mere Amantia ; ce qui marque
une famille Romaine. A y an t été bien inftruit dés
l’enfance dans les faintes lettres, fi-tôt qu’il eut paffé
la première jeuneffe, le defîr de la perfeétion lui fit
quitter fon païs, pour fe retirer dans un monaftere
en Pille d’O y e , fur la côte de P o ito u , prés de i’ifie
de R é , fon pere ayant fait de vains efforts pour le
faire rentrer dans le monde : il v iht à Tours, & priant
au tombeau de faint Martin,il demanda à D ieu de ne
revoir jamais fa patrie,mais de paffer fa vie en changeant
de païs comme étranger. Là il coupa fes cheveux,
ôc fut reçu dans le clergé de cette egliie. Puis
T t iij