
— 5> i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
An. 594. convenable dans l’églife que l'on doit dédier; &
il s’y fait autant de miracles, que il l ’on y avoi t
transféré le corps. Du tems du pape faint Léon ,
quelques Grecs doutant de la vertu de ces reliques ;
il fe fit apporter des .cifcaux , & coupa le l inge
dont il fortit du fi»ng, comme rapporcent nos anciens.
Car non.feulement à R om e , mais dans tout
l ’o c c ident , on regarde comme un iacrilege de toucher
aux corps des faints. C ’eil pourquoi nous fouîmes
fctrt.qtomiez de la coûtume des Grecs , d’enlever
, à ce. qu’ils diient , les os des faints , de
nous avons peine à le croire. Quelques moines
Grecs étant venus ici il y a environ deux ans, dé-
terroient de. nuit des corps morts dans un champ
près l’églife de faint P a u l , de ferroient les os. Etant
pris fur le fait Si interrogez exactement pourquoi
ils le faifoient : ils confciferent qu’ils vouloient emporter
ces os en Greçe comme des reliques. C e t
exemple nous a fait d’autant plus douter ,, s’il effc
vrai ce que l’on d i t , que l’on tranfporte effectivement
les os des faints. C ’eft-à-dire, que faint Grégoire
foupçonnoit toutes les reliques tranfportées
d’être fauffies.
Il ajoûte enfuite, parlant toujours à l’imperatrice:
C e commandement, que je ne puis executer , ne
vient pas de vous autant que je puis connoître t
m a is de ceux qui veulent me faire perdre vos bonnes
, grâces. Je me confie en Dieu , que vous ; ne vous
laifferez point furprendre. Mais afin de ne pas fruf-
trer vôtre pieux d e f i r , je vous envoyerai inceiTam-
jnent quelque particule des chaînes que faint P au l
fil
L i v r e T r e n t e - C i n q ^u i e ’m e ; 5.3
a portées au cou de aux mains, ôc qui font beaucoup
de miracles : fi toutefois je puis en emporter quelque
ebofe avec la lime. On vient fouvent demander
de cette limaille : l ’évêque prend la lime, &c quelquefois
il en tire des particules en un moment : quelquefois
il lime long-tems fans rien tirer. Cette lettre
à l ’imperatrice eit du mois de Juin indiCtion
douzième, en 594. on y voit ce que c’étoit que les
reliques des faints apôtres, dont parle faint Grégoire
en plufieurs autres lettres. C ’étoit ordinairement
un brandeum : ainfi. nommoit - on ces linges,
qui avoient été mis quelque tems auprès de leurs
fepulcres, de que l’ignorance des derniers fiecles
faifoit paifer pour des corporaiix. Quelquefois c’étoit
de la limaille des chaînes de iaint Pierre ou de
faint P au l , que l ’on enfermoit. dans des croix ou
dans des clefs d’or. Il y a un très-grand nombre de
lettres, où il eft parlé de ces clefs , 8e de leurs miracles.
C e que dit faint Grégoire, que quelques perfoa-
nes lui vouloient nuire dans l’efprit de l'impera-
trice, femble fe rapporter principalement à Jean patriarche
de C. P. avec lequel il eut alors un grand
différend. Jean envoïa à faint Grégoire les ailes
d’un jugement qu’il avoit rendu contre un prêtre,
accufé d’herefie ; dans lefquels il prenoit prefque
à chaque ligne , le titre de patriarche oecuménique.
Saint Grégoire voulant garder l’ordre de la
correition fraternelle, en fit parler deux fois,à Jean
par fon nonce ; de enfuite lui en écrivit le premier
de Janvier, indiétion treizième , L’an 595.. Sa lettre
An. 59'4-
1. Ep ifii
3 o. &c.
X X X IX .
Titre d’évê«^'1
que univerfeJ,.