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<¡$6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ’
général d’armée , qui demeurait d’ordinaire au,
territoire de Vie rze , entre les montagnes de Léon
& de Galice. Dés fa première jeuneUe étant avec
fon pere , qui examinoit les comptes de fes troupeaux
: il confideroit les lieux le plus fauvages, &
penfoit à y fonder des monafteres. Ses parens étant,
morts, il reçut la tonfure de Conantius o u T o n a -
tius , que l’on croit avoir été éveque de Palencia ,
& qui le forma dans la pieté. Fruéfueux donna fon
bien aux é g life s , aux pauvres, à fes e fc la v e s , qu’il
mit en liberté : mais il en employa la meilleure
p a r tie , à la fondation d’un monaftere nommé
C om p lu t , parce qu’il étoit dédié à faint Juft &c
faint Pafteur martyrs de cette v ille : dont toutefois
ce monaftere étoit fort éloigné. Il y aifembla
une nombreufe communauté : mais eniuite fatigué
des v iiîte s , que lui attiroit fa réputation, il établit
un abbé à C om p lu t ,& s’alla cacher dans le defert.
Il établit en divers lieux trois autres monafteres ;
pluiîeurs perfonnes n o b le s , même des officiers du
r o i , fervirent Dieu fous fa conduite, & plufieurs
furent depuis évêques.
Il fonda un quatrième monaftere dans l’ifle de
C a d is , & un cinquième fur la côté voifine en un
lieu nommé None , parce qu’il étoit à n e u f milles
de la mer. Il y vint tant de moines, que le gouverneur
de la province s’en plaignit au roi : craignant
qu’il ne reftât perfonne pour les armées &c
le fervice de l’état. Les familles entières fe don-
noient à Dieu : les peres avec leurs fils entraient
dans Jes monafteres d’hommes, les meres avec leurs
L i v r e t r e n t e -n e u v i e ’ m é .
fille s , dans ceux des femmes. La première , qui " ------------ '
en fonda prés de None , fut Benediéte fille noble 6^6 .
qui étant promife à un grand fcigneur,fe retira fe-
cretement dans le defert prés de ce monaftere , &
pria faint Fruétueux de prendre foin d’elle. Il lui
fit bâtir une cellule de bois, la fa ifo it inftruire, &
lui en vo yo it de la nourriture. Plufieurs autres filles
fuivirent fon exemple ; &c quand il y en eut juf-
ques à q u a tre -v in g t, le faint abbé leur bâtit un
monaftere dans une autre folitude. Il vou lo it paf-
fer en Orient, mais le roi en étant averti le fit arrêter
, pour le retenir en Efpagne. Enfin il fu t ordonné
évêque de Dume , & enfuite de Brague ,
comme il a été dit : mais il ne celïa point de pratiquer
la vie monaftique; Il bâtit l ’abbaye de
M o n te l, entre Dume & Brague, & y choifit fa fe—
pulture.
Nous avons la réglé qu’il donna â fon monaftere xxm.
de C om p lu t, fort approchante de celle de faint Fr^ euxde faint
Benoît : il y nomme convers, tous ceux qui en- Cod. rcg. » .» ./ .
trent pour s’engager dans le monaftere, comme 13®-
qui diroit convertis. Mais il y a une autre réglé p.
de faint Fnuftueux , nommée la réglé commune,
apparemment parce qu’elle fervoit à tous ces monafteres
-, & elle contient des particularitez remarquables.
Il y condamne d’abord deux efpeces d e c. j.
faux monafteres : ceux que des particuliers éri—
geoient de leur autorité , fe renfermant dans leurs
maifons de campagne avec leurs femmes, leurs en-
fans, leurs ferfs & leurs voifins ; & s’engageant par
ferment â vivre en commun, mais fans réglé & fans