
i 8 8 H i s t o i r e Ë c c l e s i a s t i o ü ï .
^enitence. Quelque-tems après fçachant qu’il étoit
a 1 extremite, il écrivit a Jean évêque de Syracufe,
ou etoit V en an c e , de l’exhorter à reprendre l’habit
monaf tique, du moins en cet état : fous peine d’être
condamné éternellement au jugement de Dieu
Mais en même-tems faint Grégoire confo lek sdeHx
hlles de Venance, Barbara & Anconia, ôc en prend
un foin paternel.
A u mois de Février de la même année <soi. il
parloit ainfi de fes maux : il y a long- tems , que
je ne puis me lever. Car tantôt je fuis tourmenté
de la goûte , tantôt un certain feu douloureux fe
répand par tout mon corps, & me fait perdre cou-
rag e - I e ffins tant d’autres incommoditez , que je ne
puis les compter. Je le dis feulement en un mot,que
je fuis tellement imbibé de cette humeur perniçieu-
fe , que la vie m’eft une peine j j ’attends ôc je de/ire
la mort comme mon unique remede. Il en parle
encore ainfi , a une damenomméeRuf t icienne, qui
étoit auffiaffligée de la goûte : Je crains que vous
ne lounnez de trop grandes douleurs , pour' la dé-
licateife de votre corps. Vou s fç a y e z comme j ’étois»
& cependant l’amertume de coeur , l’a fflidion continuelle
ôc la douleur de la goûte , m’a réduit à tel
p o in t , que mon corps eft deifeiché comme dans la
fepulture; eniorte que je ne puis plus gueres fortir
du lit. Si donc la goûte a pu confirmer la maife
de mon corps, que fe r a - c e du vôtre déjà fi fee
auparavant l Ces paroles font jug er , que faint Grégoire
étoit naturellement grand & puiiTant. Il marque
auparavant , qu a 1 arrivée de celui que Rufti-
L i v r e T r e n t e - S i x i e ’m e . 189
tienne en v o yo i t , il étoit fi ma l , qu’on defefperoit
prefque de fa vie.
Il n’y comptoir gueres lui-même , comme il pa-
roît par ce qu’il écrivoit vers le même tems à
Marinien évêque.de Ravenne. J'ai appris, d i t - i l ,
avec une fenfible douleur, que vous êtes malade
d’un vomifTement de fang. J’ai fait confulter les
médecins , que nous connoiiTons ici pour les pluj
fç a v an s , ôc je vous envoyé leur avis par écrit. Ils
ordonnent tous le fiience ôc le repos, mars je doute
fo r t , que vous puiihez le garder dans vôtre églife.
C ’eft pourquoi je fuis d’avis, que vous commettiez
des perfonnes, qui puiifent celebrer les melfes, prendre
foin de i’évêché „ exercer l'hofpitalité , ôc gouverner
les monafteres; Ôc que vous venie z ici avant
l ’été : afin que j e prenne moi-même foin de v o u s ,
autant que j’en luis capable. Car les médecins di-
f e n t , que l’été eft fort contraire à cette maladie. Il
eft très-important, que vous retourniez en ianté à
vôtre églife : ou fi Dieu vous appelle à lui , que
ce foi t entre les mains de vos amis. Et m o i , qui me
vois proche de la mort » fi Dieu m’appelle avant
v ou s , il eft bon que cefoit entre vos mains. Si vous
*v ene z , amenez peu de gens t car vous demeurerez
avec moi dans l’évêché , ôc cette églife vous fournira
les fecours neceflaires. Au refte, je ne vous exhorte
point , mais je vous ordonne expreifement de
ne pas entreprendre de jeûner : car les médecins
d i fent , que le jeûne eft très- contraire ace mal : je
vous le permets feulement cinq fois l'année , aux.
grandes folemnitez. Vous devez auffi vous abfte-
A a iij
A n . 601.
X X X .
A v is a M a r in ie r
d e R a v en n e .
ix . Epi si. 48».