
4 § H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
Ven anc e , homme de qualité , après avoir em-
braflé la profeifion monaftique , l ’avoit qu i t té e ,
s’étoit mar ié, &c exerçoit la charge de chancelier
d'Italie qui dèflors étoit confiderable, & lui don-
noit une infpeébron générale fur la province. Saint
Grégoire étoit ion ami ; 5c plusieurs croïoient ,
qu’étant devenu évêque , il ne lui écriroit pas fou-
vent : mais le faint pape crut que fa place ne lui
permettoit pas de fe taire. Je vous parlerai d o n c ,
dit - il à Venance , quand vous devriez le trouver
mauvais : parce que je defire de tout mon
coeur votre falut , 5c que je ne veux point être
coupable de votre perte. Vous fçavez 'quel habit
vous avez porte , & où vous êtes tombé.'
Confiderez ce que vous mériterez au jugement
de Dieu : Vous qui lui avez ôté non pas quelque
a rg en t , mais vous-même , que vous lui avie z
dévoüé ious l’habit monaftique ? Je fuis fi accablé
de trif teife, qu’à peine puis je vous parler ; & toutefois
le reproche de votre confcience vous rend
mes paroles infupportables : vous en rougiflez ;
vous en détournez les yeux. Si donc vous ne pouve
z fupporter les paroles d’un homme , qui n’eft
que pouiïiere ; que ferez - vous au jugement du
Créateur ? Je fçai qu’à la réception de ma lettre
vous aifemblez vos am i s , 5c vous confultez fur vo- '
t re vie les complices de votre mort : ces g e n s , qui
ne vous difent que ce qui vous eft agréable dans
l’occafion, parce qu’ils aiment vos biens , 5c non
pas vous. Si vous cherchez un confe i l , prenez le
mien : perfonne ne peut vous en donner un plus
fidèle
¡Li v r e T r e n t e - C i n q j j i e ’m e .
E d e le , que celui qui vous aime , 5c non pas vos
fciens. Si mon zele vous eft fufpeft , j ’appellerai
toute l ’églife au confeil, & je fouferirai volontiers
41 ce qui fera décide d un commun confenteroent.
Venance ne fe convertit point , mais faint Grégoire
n e renonça pas à fon amitié.
Vers le même tems, en 591. un Jui f nommé Jo-
ifeph fe plaignit a faint Grégoire , de Pierre évêque
d e Ter racine, qui après avoir chaife les Juifs d’un
lieu ou ils avoient accoutumé de s’a ifembler, 5c
permis qu'ils s’aiTemblaiTent dans un autre; vouloir
encore les en chaifer. S’il eft ainfi , dit faint Grégoire
écrivant a 1 eveque, nous voulons que vous
faifiez cefler ces plaintes. Car c’eft par la douceur,
la bonté, les exhortations, qu’il faut appeller les
infidèles à la religion chrétienne ; 5c non pas les
en éloigner par les menaces 5c la terreur.
Les Juifs de Ca i l la r i , métropole de Sardaigne ,
vinrent a Rome fe plaindre en 598. qu’un d’entre-
eux nommé Pierre, qui s’étoit fait chrétien, le lendemain
de fon bapteme, c eft-a-dire , le jour de Pâ-
q u e , s etoit empare de leur fynagogue par violence,
s étant fait accompagner d’une troupe d’infolens ;
8c y avoit mis une image de fainte Vierge , une
croix: Si 1 habit blanc qu’il avoit reçu au baptême.
Saint Grégoire en écrivit à Janvier évêque de Cail-
fori, le louant de ce qu'il n’avoit point confenti à
qette violence ; & l’exhortant à faire ôter l’image
8c la croix, avec la vénération qui leur ef tdûë , Sc
rétablir les chofes comme auparavant. C a r , ajoûffi
t-il , comme les loix ne permettent pas aux Juifs
Tome V I I I , q
V.i x.ep.L^ 3^
X IX .
ConveriioivS
des Juifs.
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