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1 0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Le premier jour de Mars elles arrivèrent à Tour'ÿ
hors dhaleine 5c épuiféesde fatigues-, 8e Chrodielde
s’adreifant à Grégoire, lui dit: Je vous fupplie, faint
évêque, de vouloir bien garder 8c nourrir ces filles
que l’abbeife de Poitiers a très maltraitées , pendant
que j ’irai trouver les rois nos pa rens , pour
leur expofer ce que nous fouftrons. Grégoire ré*
pondit : Si l’abbefle a failli 8e contrevenu à la régie,»
allons trouver notre frere Meroüée , pour la corriger
enfemble, 8e vous remettre dans votre monaftere
après y avoir rétabli le bon ordre : afin de ne
pas diifiper indignement ce que fainte Radegonde
a aflemblé par fes jeûnes, fes prières 8e fes aumônes.
N o n , dit Chrodielde, nous irons trouver les
rois. Grégoire lui répondit : Pourquoi n’écoutez-
vous pas mon avis ; Je crains que les évêques ne
vous excommunient d’un commun confentement ,
fuivant la lettre qu’ils écrivirent à fainte Radegonde
, lors de la fondation de ce monaftere, 8e il
leur en fit la leéture. C ’ étoic la lettre du fécond
concile de Tours , tenu en 566.
Chrodielde perfifta toujours à vouloir aller vers
les rois fes parens : fe plaignant même de l’évêque
de Poitiers , 8e difant que ce trouble étoit arrivé par
fa faute. Grégoire voïant l’opiniâtreté de ces filles ,
leur dit : Vous ne voulez pas entendre rai fon, 8e ne
pouvez éviter le b lâme , mais du moins laiifez pafler
l ’hiver , 8e quand le tems fera plus beau vous irez où
11 vous plaira. Elles crurent ce confeil ; 8e l’été fuivant
Chrodielde aïant laiifé à Tours les autres reli-
gieufes avec Bafine, alla trouver le roi Gontran. Il
L i v r e T r e n t e - C i n q u i e ’m e : i i
la reçut bien , lui fit des préfens ; 8e ordonna une
aifembléed’évêques, pour prendre connoiflance du
différend de ces religieufes avec leur abbeffe. Ch ro dielde
revint à Tours les attendre : mais pendant
fon voïage plufieurs de ces religieufes fugitives fe
laiiferentfcduire; 8e fe marièrent. Comme les évêques
ne venoient p o in t , Chrodielde Se fes compagnes
retournèrent à Poitiers ; 8e aïant affemblé une
troupe de voleurs , de meurtriers , de débauchez 8e
d ’autres fcélérats, elles fe fortifièrent dans l ’églife
<le faint Hi la ir e , ^ifant : Nous fommes des prin-
ceifes , 8e nous ne retournerons point au monaftere
que l’abbeffe n’en foit dehors. Alors par ordre des
rois , Gondegifile archevêque deBourdeaux 8emétropolitain
de la province v in t à Poitiers, avec deux
de fes fuffragans, Nïca i fe d’Angoulême 8e Saffarius
dePerigueux; 8e fe joignant avec Meroüée de Poitiers
, ils vinrent à faint Hilaire, 8e exhortèrent ces
filles à retourner au, monaftere, pour faire examiner
leur caufe. Comme elles réfiftoient opiniâtrement,
les- évêques leur dénoncèrent l ’excommunication ,
fuivant la lettre du concile de Tours. Mais les fé-
ditieux que ces filles avoient aftemblez entrèrent
avec des bâtons dans l ’églife de faint Hilaire , donnèrent
tant de coups aux évêques, qu’ils tombèrent
fur le pavé , & purent à peine fe relever : mirent en
fang les diacres 8c les autres; cle r c s , 8c cafferent la
tête à quelques uns;. Les évêques 8c leur, fuite furent
tellement épouvantez, que fans fe dire adieu,
ils s’enfuirent chacun de leur côté.
Enfuite Chrodielde envoïai des gens pour ad mi«
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