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de bâtir denouvelles fynagogues , auffi leur permet-
tent-t-elles depoflederfans trouble les anciennes. Il
fautufer avec eux d’une telle modération, qu’ils ne
nous réfiftent pas : mais il ne faut pas les amener
maigre eux : puifqu’il eft écrit : Je vous offrirai un
facrifice volontaire.
Saint Grégoire avoit écrit dans le même efprit
au foûdiacre Pierre, & au diacre C y p r ien , reéteurs
du patrimoine de Sicile. J’ai appris, d i t - i l , qu’il y
a dans nos terres des Juifs, qui ne veulent poinc
fe convertir. Je fuis d’avis que vous envoliez des
lettres par toutes ces terres , pour leur promettre
nommément de ma part , que l ’on diminuera la
rente à ceux qui fe convertiront : enforte que celui
qui paie un fol d’o r , aura une remife du tiersr
celui qui en paie trois ou quatre, en paiera un d e
moins. Et il ne faut pas craindre que cette diminution
de nos revenus foit inutile : car encore
qu’ils ne fe convertiffcnt pas affez lîncerement ,
leurs enfans feront baptifez avec de meilleures dif-
pofitions.
Toutefois faint Grégoire écrivit à Libert in, préfet
de Sicile, pour le prier de réprimer l’attentat
d ’un J u i f nommé N a fa s , qui avoit ofé élever un
autel fous le nom du prophète Elie : & avoit fe-
duit plufieurs Chrét iens , pour y venir adorer II
achetoit auffi des efclaves Chrétiens au mépris des
loix. Ce Ju i f avoit gagné par argent le gouve r neur
précèdent nommé Juf t in, qui l ’avoit laiffo
impuni.
Des la première année du pontificat de faint
L i v r e T r e n t e C i n c ^ i e ’ m e . «j
Gr ég o ir e , plufieurs Juifs d’Italie que leur trafic
appelloit de tems en tems à Marfeille , fe plaignirent
à lui , que l ’on y baptifoit grand nombre de
J u i f s , plus par force que par perfuafion. Saint
Grégoire en écrivit à Virgile cvêque d’A r le s , &
à Théodore évêque de Marfeille. Je loiie, dit-il
vc>tre intention , mais fi elle n’efl: réglée par l’écriture,
je crains qu’elle ne nuife à ceux mêmes que
vous voulez fauver ; & que venant au baptême par
neceflité, ils ne retournent plus dangereufement à
leur première fuperftition. il faut donc fe contenter
de les prêcher ôe de les inff ruire, pour les éclairer
& les convertir iolidement.
Il y avoit trois ans que faint Virgi le étoit évêque
d’Arles , fon pais étoit l’Aquitaine ; & après avoir
quitté fes biens , qui étoient grands, il embraffa la
vie monaftique dans l’ifle de Lerins. Il fut abbé de
faint Symphorien d’Autun ; & de-là appelle à Té-
veche d Ar le s , après la mort d e l ’cvequc Licerius,
par lés foins de Syagrius évêque d’Autun, la treizième
année du roi Childebcrt , 588. de Jefus-Chrift.
Quelques exemples des années précédentes , font
voir qu’en Gaule , on ne faifoit pas grande difficulté
de contraindre les Juifs à fe faire Chrétiens. Saint
A v i t évêque de C le rmo n t , en aïant converti un ,
comme il l’emmenoit à Péglife avec les autres nouveaux
bapt i fe z , un J u i f lui jetta fur la tête de l’huile
puante. Le peuple irrité abbatit la fynagogue. En-
fuite faint A v i t leur envoïa dire : Je ne prétends
pas vous obliger par force à croire le fils de D ieu ; je
vous y invite : mais fi vous ne voulez pas, retircz-
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Saints de Gaule*
Vitat. i. A cl.
Ben, ¿,5$,
Greg, Tur.ix,
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