
— — z H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
J9°* confentiroit : 8c fe fiant à l’amitié de l’empereur
Maurice , dont il avoit tenu le fils fur les fo n t s , il
lui écrivit fecretement, pour le conjurer de ne point
approuver ce choix. Mais Germain prefet de Rome
prévint fon courier : Sc l’aïant fait arrêter 8c ouvrir
fes let tres, il envoïa à l’empereur le décret de l’é-
leêtion. Maurice rendit grâces à Dieu d’avoir trouv
é l ’occafion qu’il defiroit de procurer cette dignité
au diacre Grégoire Si donna fes lettres portant
ordre de lefacrer.
Cependant à Rome la pefte continuoit avec une
grande violence : 8c comme on attendoit d cC . P. la
réponie de l’empereur, faint Grégoire fit un fermon
au peuple, & lui parla ainfi : Il fa u t , mes freres ,
craindre au moins les fléaux de Dieu quand nous
les fentons, puifque nous n’avons pas fçûles prévenir.
Vous voïez que tout le peuple eft frappé du glaiv
e de fa colere , la mort n’attend pas la maladie ,
ôc enleve le peçheur avant qu’il fange à faire pénitence.
Confiderez en quel état il paroît devant le
juge terrible. Ce n’eil pas une partie des habitans
qui p é r i t , tout tombe à la fois : les maifons demeurent
vuides, & les peres voient mourir leurs enfans.
Rappelions, donc le fouvenir de nos fautes , 8c les
expions par nos larmes. Que perfonne ne defefpere
pour l’énormité de fes crimes : les Ninivitcs effacèrent
les leurs par une pcnitence de trois jours, & le
larron à l’heure même de fa mort. Celui qui nous
avertit de l’inv oqu e r , montre bien qu’il veut pardonnera
ceux qui l ’invoquent. S. Grégoire conclut
ce fermon en indiquant une litanie ou proceflion à
L i v r e T r e n t e - C t n q u i e ’m e . 5
fept bandes qui devoient marcher au point du jour
le mercredi fuivant , fortant de diverfes églifes,
pour fe rendre toutes à fainte Marie majeure. La
première troupe étoit compofée du clergé , la fécondé
desabbez avec leurs moines , la troifiéme des
abbeffes avec leurs religieufes ,1a quatrième des en-
fans: la cinquième des hommes laïques , la fixiéme
des veuves,la feptiéme des femmes mariées. Chaque
troupe étoit conduite par les prêtres du quartier. On
croit que de cette proceflion générale eft venue
celle du jour de S. Marc , qui s’appelle encore la
grande litanie. Pendant celle-ci il mourut en une
heure quatre-vingt de ceux qui y afliftoient : mais
faint Grégoire ne cefla point d’exhorter le peuple &c
de prier jufques à ce que la maladie fut éteinte.
,C om m e il apprit que le prefet Germain avoit intercepté
fes lettres il voulut prévenir la réponfe
de Lempereur: jugeant bien qu’elle feroit contraire
a ion defir ; 8c ne pouvant fortir ouvertement des
portes de Rome , ou l’on avoit mis des gardes , il fe
fit enlever par des Marchands , déguifé ôt enfermé
dans une manne d’ofier.. Il fe cacha dans les bois
8c dans des cavernes pendant trois jours, durant lesquels
lé peuple Romain faifoit des jeûnes 8c des
prières. Enfin ayant été découvert par des indices
miraculeux, il fut pris 8c ramenéà Rome. Alors il
fe rendi t , 8c fut coniàcré folemnellement dans l’églife
de S. Pierre le troifiéme de Septembre 5510. au
commencement de la neuvième indiêtion. Il tint le
faint fiege treize ans.
Comme on lui faifoit des complimcns fur fa nou- ■
A n. 590,
Je.diac.0.44*
Vaut, di'ac«
vita. n. 11.
Paul, diaCt
vita, n% il*
Greg. 1. epift*
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