
ï jÉ É H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
éviter l’épifcopat -, il voulut au moins obferver les
règles, & ne fc laiila point confacrer qu’il n’eût paffé
quelque terns à mener la vie cléricale. Saint Oiicn en
nia de même : il fit un voyage au-delà de la Loire,
5c fut ordonné prêtre parDcodad évêque de Mâcon.
Les deux amis convinrent de recevoir tous deux la
benediétion épifcopale en même jour 5 5c en e ffe t,
ils furent ordonnez enfemblc à Roiien, le dimanche
d’avant les Rogations, la troifiéme année du regne
ti. 3. de C lo v is fé con d : c’eft-à-dire l’an 6 4 0 .SaintEloi
ami. t-5h- étant évêque, ne relâcha rien de fes pratiques de vertu.
C ’étoit la même charité : il aimoit toujours la
compagnie des pauvres, & quittoit quelquefois fes
clercs & fes domeftiques,pour s’enfermer avec eux.
Il avoir un lieu feparé, où il les faifoit entrer à certains
jours les uns après les autres, pour leur laver &
leur rafer la tête de fes propres mains, les revêtir &
leur donner à manger. A certains jours il en avoit
douze à fa table.
t. Son zele éclata principalement dans la converfion
des infidèles. Il vifitoir avec grand foin les villes
de fon vafte d io c e fe , & tant de peuples, qui n’a-
voient point encore reçu l’évangile : les Flamans,
les Anmerpiens, ou habitans d’Anvers, les Frifons,
les Sueves, qui demeuroient prés de Courtray , &
les autres jufques à la mer : qui fembloient être à
l ’extrémité du monde. D ’abord c’étoit comme des
bêtes feroces, qui voüloient le mettre en pièces ;
mais il ne fouhaitoit rien tant, que le martyre. En-
fuite ces barbares confidcraïit fa bonté, fa douceur,
£1 vie fruga le, commençoient à l ’admirer, & defî-
L I V R E T R E N T E-H ü I T I E’m E. 4 1 7
roient même de l’imiter. Plufieurs fe convertif-
fo ien t, on abattoit les temples* on détruifoit l ’ido-
latrie. Le faint évêque excitoit par fes difcouis les
efprits pareffeux de ces barbares, pour les porter à
l ’amour des chofes celeftes, 5c leur infpirer la paix
5c la douceur. Tous les ans il en bâptifoità pâques
de grandes troupes, qu’il avoir gagnées à Dieu pendant
toute l’année. O n y vo ïo it avec une foule d’en-
fa n s , des hommes & des femmes dans la derniere
vieilleffe, la tête blanche, le corps tremblant, renaître
dans les facrez fo n t s , 5c recevoir l’habit blanc,
de néophytes. On vo ïo it plufieurs pecheurs courir
à la penitence par la cônfeffion de leurs pechez.
Car le faint évêque prenoit un tres-grand foin dé
leur converfion. I l èxhortoit tant les anciens, que
’les nouveaux Chrétiens à frequenter les églifes, à
donner l’aumône, à mettre leurs- efclaves en liberté, 4-
5c faire toutes fortes de bonnes oeuvres. Ilperfuada
a plufieurs perfonnes de l’un & de l’autre fexe,d’em-
braffer la vie monaftique.
Dans le même tems faint Amand & faint Orner, xxx.
travailloient auifi dans les p a ïs -b a s , à la conver-^i slp: u^x'
fion'des infidèles. J’ai parlé de faint Amand. Saint AaXu!Î' ”f [V,9.
Omer ou A u lomar étoit né prés de Confiance ; &
fe retira avec fon pere dans le monafterede Luxeu,
fous la conduite de faint Euftafe; Sa réputation
v in t jufques au roi Dagobert ; & comme les peuples
d î Bologne 5c de Terroüane étoient la plupart
rétombez dans l ’idolâtrie, depuis les tems de faint
Fufcien,de faint Vidtoric & de faint Quen tin , qui
y avoit annoncé la fo i : Ils avoient befoin d’un
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