
gz. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
An.-. J93. de moi le diacre Pierre » mon ami depuis la pre?-
miere jeuneife, ôc le compagnon de mes études fuir
l’Ecriture fainte. Me voïant dans cette affliction >
il me demanda fi j ’en avois quelque nouveau fujet*.
Je lui répondis : ma douleur eft vieille par l’i iabi -
tude que j ’en ai formé» &c nouvelle en ce qu’elle-
augmente tous les jours. J e me fouviens de ce que
mon ame_ étoit dans le monaftere au - deffus de
toutes les chofes périifables » uniquement occupée
des biens céleftes , fortant de la priion de fort
corps par la contemplation : defirant la mort „
que la plupart regardent comme un fu p p l ic e , ôc
l'aimant comme l’entrée de la vie ôc la récompen-
fe de ion travail. Maintenant , à l’occafion du foin,
des ame s , je fuis chargé des affaires feculieres ; ôc
après m’être répandu au dehors par condefcendan-
c e , je viens plus foible à mon intérieur. Le poids,
de mes fouffrances augmente , par le lo u v en i rd e c e
que j ’ai perdu : -mais à peine m’en fouvient - il :
car à force de déchoir , l’ame en vient juiques à-
oublier le bien qu’elle pratiquoit auparavant. Pour
furcroift de douleur, je me fouviens de la v ie de
quelques faints per fonnages, qui ont entièrement
quitté le monde : ôc leur élévation me fait mieu x
connoître la profondeur de ma chûte. Je ne fais, répondit
Pierre , de qui vous voulez parler : car je
n’ai pas oiii dire , qu’il y ait eu en Italie des gens
d’une vertu extraordinaire : du moins qui aient fait
des miracles. Saint Grégoire dit : Le jour ne me fuf-
f iroi tpas, fi je voulois raconter ceque j ’en f a i , io i c
par moi même » foit par des témoins d’une probité
Ksæwu ïàm ■ sâ S B
L i v r e T r e n t e » C i n q u i e’m e . 83 —----------■
Si d’une fidélité reconnue. Pierre le pria de lui ra- N'
conter quelques-uns de ces faits , pour l ’édification
de ceux qui font plus touchez des exemples que de la
doCtrine : ôc faint Grégoire y confent it , & ajouta :
Pour ôter tout fujec de doute, je marquerai àchaque
fait ceux de qui je l ’ai appris. En quelques - uns je
rapporterai leurs propres paroles : en d’autres je me
contenterai de rapporter le fen s , parce que leur langage
feroit trop ruitique. C ’eft que l'a langue latine
étoit déjà fort corrompue dans la bouche du peuple :
enforte que ces expreffions auroient été indécentes
dans un ouvrage ferieux.
Saint Grégoire continue fon dialogue entre lui
Sc Pierre , lui racontant les hiiloires merveilleufes
de plufieurs Saints d’Italie ,diftribuées en quatre l i vres.
Le premier commence à faint Hon o râ t , qui
établit un monaftere a F o n d i ,o ù il gouverna environ
deux cens moines , ôc mourut vers l ’an 350. Il
paife enfuite à faint Libertin , ôc faint Hortulan du
même monaftere :puis il vient à faint Equice abbé,
dans la province de Valérie , dont j ’ai parlé en fon s«t-1. xxxn,
lieu. Il fait mention de plufieurs autres faints abbez
ôc moines : par où l’on peut juger que dans le fi-
x iéme f iéc lej le nombre des monafteres étoit déjà
grand en Italie. Il parle auffi de quelques faints
eveques ? Marcellin d’Ancone, Boniface de Ferente, 9
Fortunat de Todi . Le fécond livre eft tout entier, S u p . x x x r r . n ,
de la vie de faint Benoît : le troifiéme traite en- ”'47'
core de plufieurs faints évêques ; entre autres, des
papes Jean premier ôc Agapet : de faint Datius de
M i la n , faint Sabin de Can u fe , faint Cafflus de
L ij