
540 H I ST O I r e E c c l e s i a s t i q u e.
puis parler ainiî : ce n’eft pas ce que j’ai appris des
peres. Faites ce qu’il vous plaira, vous avez la puif-
lance. Ecoutez donc , d iren t-ils , l ’empereur & le
patriarche, par ordre du pape de Rome, ont refolu,
que fi vous n’obéïffez pas, vous feriêz anathematifé,
& puni de telle mort qu’ils ordonneront. Il répondit
: Que ce que Dieu a ordonné avant tous les fie-
cles s’accomplifle en moi. Saint Maxime écrivit le
lendemain cttte converfation à fon difciple A n a f-
tafc : afin qu'il redoublât fes prières , & qu’il in s truisit
les autres de ce qui s’étoit paffé.
Nous avons la lettre qu’Anattafe en écrivit aux
4!' moines de Caillari en Sardaigne , où il dit : Nos
adverfaires ayant refolu de ne pas Suivre la d o& r i-
ne des peres, Sont agitez de diverfes opinions. Et
après avoir foûtcnu , qu’il ne falloir dire ni une ni
deux opérations, ils en reconnoiffent dêux & une,
c’eft-à-dire trois. C e que ni les peres nïles conciles
n ’ont dit, ce que la raifon naturelle ne Souffre pas,&
qu’aucun des anciens ou nouveaux hérétiques n’a
avancé. Il montreenfuite l ’abSurdité de ce fyftême,
& ajoute : Ils y ont fait confentir les légats de l’ancienne
Rome : & après les avoir ainfi Séduits, ils les
renvoyent à celui qui les a en vo ye z : c’eit-à-dire au
pape Eugene. Anaftafe continue : L ’églife catholique
& apoftolique étant donc prefque toute dans un
tel péril : nous vous prions de la Secourir; & s’il eft
impoftible , il faut que vous palliez au plutôt à
Rome,fous quelque autre prétexte: pour vous joindre
aux hommes pieux & fermes qui y fo n t ,& qui
Soûtiennent vigoureuietnent avec nous la vérité.
L i v r e t r e n t e - n e u v i e ’m e . 5 4 1
Les priant avec larmes de confèrVer la fo i o rtho- " '
doxe fans aucune nouveauté; & de ne rien approu- ^ N-
v e r , que ce qui a été défini par les peres & par les
conciles. C ’eft ainfi qu’Anaftafe eiperoit en vertu
de la promeffe faite à faint Pierre, que la femcnce
de la pieté, comme il parle , demeurcroit au moins
dans l ’églife Romaine.
Le lendemain du jour auquel faint Maxime avoit t. H
été interrogé ; les ecclefiaftiques de C . P. s’affem-
ble rent, & periuaderent à l ’empereur de le cbn- 4
damner au banniffement,avec fes difciples les deux
Anaftafes. Mais il les féparerent & les éloignèrent
de la mer, afin que perfonne ne put les vifiter. O n
les envoya tous trois e n T h r a c e , faint Maxime au
château de Bizyc ; Anaftafe l ’apocrifiairc à Selym-
brie : l’autre Anaftafe à Pcrbete ; tellement à l ’ex-i
trêmité de la province , que l’on ne pouvoit faire
un pas au-delà fur les terres des Romains. O n les
envoya fans provifions pour leur fubfiftance, fans
habits, dépouillez de tout.
Pierre patriarche de C . P. envoya au faint fiege
fuivant la coûtume,fa lettre fynodique, portant fa
confeifion de fo i : mais elle étoit trcs-obicufc, ¿¿rie e**.
déclaroit point les'deux opérations & les deux v o -
lontez en Jefus-Çhrift. Le peuple & le clergé de
Rome en furent irritez, & la rejetterent avec grand
bruit dans l’églife de fainte Marie Majeure. JüiqueS-
la , qu’ils ne permirent point au pape Eugene de
celebrer la meffe , qu’il n’eût promis de né jamais
recevoir cette lettre.
Y y y iij