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i. Epift, 48.
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198 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
difcipline. Il ordonna à Anthemius reCteur . des
patrimoines de Campanie , d’empêcher les moines
de palier d'un monaftere à l’autre; & de les renfermer
dans leurs monafteres , avec le châtiment
convenable : particulièrement ceux qui s’etoient
mariez , ce qu’il traite d’abomination. On voit le
même loin la derniere année de fon pontificat, pour
faire renfermer deux moines, dont l’un s’étoit marié.
Les habitans de plufieurs terres d’Italie fuyant
les barbares, s’étoient retirez avec les femmes dans
l ifte Ophiaria , habitée par des moines. Saint Grégoire
écrivit au même Anthemiu s , d en bannir les
femmes abfolument. Et parce que la vie étoit dure
dans ces monafteres des ifles, il défendit d’y recevoir
de jeunes gens au-deflous de dix-huit ans.
Saint Grégoire ne fouffroit aux moines, ni de
fortir feuls, ni de pofleder rien en propre. L’un Si
l ’autre paroît par une lettre du mois de Février, in-
diéfion cinquième, l’an 601. Claude abbé de Clafle
étant m o r t , les moines demandèrent au pape pour
abbé , un d’entre-eux nommé Conftantius. J ’en ai
eu horreur, dit - il , parce que je fçai qu’il aime la
propriété : ce qui montre clairement, qu’il n’a point
le coeur d’un moine. Je fçai de plus, qu’ il a ofé aller
feul a un monaftere de la province de P ic en um,
fans aucun de Ces freres. Or celui qui marche fans
t émo in s , ne v i t pas bien, il recommande enfuite
très-expreftement de bannir la propriété de ce monaftere.
C a r , d i t - i l , fi elle demeure , il n’y aura
ni concorde ni charité. Qu ’eft-ce que la vie mo-
iiaf tique, finon le mépris du monde ? Et comment
L i v r e T r e n t e - S i x i e ’m e . 1 9?
peut-on dire qu’on le mépr ife, quand on cherche
l ’argent ? Il obligeoit les parens de donner penfion â j ” - '•
un moine qui ne pouvoir travailler.
Comme les moines ne poifedoient rien en propre,
il ne leur étoit pas permis de faire teftament ; & les
loix le défendoient. Toutefois faint Grégoire dif-
penfa de cette réglé Probus abbé de fon monaftere
de faint André : mais il n’accorda cette difpenfe ,
que dans un concile de cinq évêques & dix prêtres,
tenu à Rome le cinquième d’Oéfobre , l’an 6oo,
indiêtion quatrième. On y lut la requête de Pro-
b u s , où il difoic : Vous fçavez , qu’ayant quitté le
monde depuis quelques années, j ’avois réfolu de
demeurer dans ma cellule en particulier , pour ce
qui me refte à vivre. C ’eft pourquoi je n ai point
difpofé du peu que j’avois: fçaehant que mon fils
me fuccederoit auffi-bien mteflat, que par teftament.
Mais un jour étant venu avec les autres vous
rendre mes d e v o i r s , vous m’ordonnâtes d entrer
dans le monaftere, ô£ de prendre tacharge d’abbé :
& j e fus obligé d’obéir auilr - tot , fans avoir eu le
tems de difpofer de mon bien. C ’eft pourquoi je
vous fupplie de me le permet tre, afin que mon
obéïflance ne foit pas préjudiciable â mon fils, qui
eft pauvre.
Saint Grégoire ayant fait retirer l’abbe Probus,,
pour délibérer fur fa requête, le fit rentrer, &c dit :
T o u t ce que vous avez expofé eft vrai : nous vous
avons fait abbé malgré vous , & pour vous empe-
cher de vous en dédire , nous avons été obligez de
vous envoyer fur le champ à ce monaftere, dont