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‘Vrfin. ». 10.
L V I I I
Martyre et
JUger.
<5-40 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Vandrille, qui avoit marqué Tes deux premiers fu o
ccffeurs.
Ebroïn avoit o rd on n é , qu’on tînt faint Léger
dans le fonds d’un b o is , & qu’on L’y laiffat mourir
de fa im , faifant courir le bruit qu’il s’étoit n o y é .
Mais après qu’il eut long-tems fouffert la faim,
Vaimcr eut compailion, & le fit amener chez lui.
I l fut même tellement touché de fes difeours, qu’il
lui rendit l’argent de l ’églife d’Autun ; & faint Léger
l ’y r en v o y a , pour être diftribué aux pauvres.
Vaimer fu t fait enfuite évêque de T roy e s par l ’artifice
d 'E b ro ïn , qui craignoit apparemment fa
puiilance; & faint Leger fu t mis dans ùn m onaftere,
où il demeura deux ans. Ebroïn étant devenu maire
1. du palais de T h e o d o r ic , & maître abfolu en Neuf-
trie & en Bourgogne , fe ignit de vouloir vanger la
mort du roi Childeric ; & en accufa faint Leger &
fon frere Gairin. O n les amena en la prefence du
roi & des feigneurs.Ebroïn le chargèa de reproches,
mais faint Leger lui répondit : T u veux te mettre
en France au-deffus de tous, mais tu perdra bientôt
cette dignité , que tu mérités fi peu. Ebroïn le fit
feparer ; & premièrement on emmena G a ir in , qui
fu t attaché à un poteau ; & lapidé. Il difoit cependant
: Seigneur Jefus, qui êtes venu appeller, non
pas les jufte s , mais les pecheurs , recevez l’ame de
vôtre ferviteur, à qui vous avez bien voulu accorder
une mort femblable à celle des martyrs.Il mourut
ainfi en priant.
O n n’ofa faire mourir alors faint Léger , parce
e s' qu’il n’avoit pas été dépofé par les évêques. Mais
il
L i v r e t r e n t e - n e u v ï e ’ m e . ¿ 4 1
il fut traîné dans une piece d’eau, dont les pierres
aiguës & tranchantes lui déchirèrent la plante des
pieds : outre les y eu x , qu’il avoit perdus ; on lui
coupa les levres & la langue, pour le faire tomber
dans le defefpoir. On le dépouilla honteufement ;
& après l’avoir traîné nud dans les rûës bourbeu-
fe s , on le mit fur un méchant cheval ; & on chargea
le comte Varingue de l’emmener & le garder'.
Ermenaire abbé de faint Symphorien d’Autun, qui
lu i fucceda dans l’épifeopat, prit foin de guérir fes
playes , & depuis le faint ne laiifa pas de parler ; ce
qui paffa pour un miracle. Le comte Varingue
l’ayant emmené en fon païs ; l ’honora comme un
martyr, & le mit dans le monaftere de Fefcan, qu’il sup. *. j».
a voit fondé. Saint L eger y fut gardé pendant deux
ans : & fe trouvant guéri en peu de tems,il inftrui-
fo it les-religieufes, offroit tous les jours le faint fa-
crifice, & prioit continuellement.
Il écrivit de-là un lettre de confolation à fa
mere Sigrade, qui s’étoit renduë religieufe dans le
monaftere de N . Dame de Soiifons. Il lui recommande
principalement le pardon des ennemis.
Au ffi ayant appris dans fa retraite la punition de
quelques-uns de fes perfecuteurs : loin de s’en re-
jo iiir, il pleura de ce qu’ils étoient morts fans pénitence.
En e ffe t , le roi Theodoric & Ebroïn af- vu^per Amn.
ièmblerent un concile nombreux , où plufieurs *'
évêques furent condamnez. D id d o n , qui l’avoit
été de C h a llo n , eut la tête ra fé e , qui étoit un
figne de dégradation : enfuite il fut banni & puni
de mort. Vaimer duc de Champagne, & depuis
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