
A n . 6 1 7 .
Theoph. un» 7
an- S.
tin. ix.
Chr. p u f ch»
p.
3 1 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .'
Heraclius alla le trouver lui-même, & lui perfuada
à force de prefens de fe retirer. Comme Saën d on -
n o itd e grandes efperances de paix , Heraclius envo
y a des ambafladeurs, & écrivit à Cofroës une •
lettre tres-foumife pour la demander , rejettant fur
Focas toute la haine de la guerre, mais cette lettre
fu t fans effet : les Perfes feretirant de C a lc éd o in e ,
laifferent des troupes pour l’affieger , •& la prirent
l ’année fuivante 616. feptiéme d’Heraclius. Il envo
y a encore une fois des ambaffadeurs en Perfe ,
pour demander la paix •, mais Cofroës répondit : Je
ne vous épargnerai point jufques à ce que vous renonciez
au crucifié , que vous dites être D ieu , &
que vous adoriez le foleil.
Heraclius fe refolut donc à la guerre -, & pour
ne point laiffer d’ennemis derrière , il fit la paix
avec le Cagan ou C an des Avares , qui l’attaquoit
du côté de la Thrace. N e trouvant point d’argent à
emprunter , il prit les biens des églife s, & jufques
aux chandeliers & aux autres vafes defainte Sophie,
pour en faire de la monoye : puis ayant célébré la
pâques le quatrième d’A v r i l , indi&ion dixième, la
douzième année de fo n re gn e , c’eft-à-dire l’an 612..
il partit le lendemain pour marcher en Perfe.Etant
arrivé à fon armée , il prit entre fes mains l’image
de Jefus-Chrift,que l’on croyoit n’avoir point été
peinte de main d’homme ; & il fit ferment à fes
troupes de combatre avec eux jufques à la mort ,
&c de leur être uni comfheà fes enfans. Puis il leur
d it : V o u s vo y e z comme les ennemis de Dieu ont
fou lé aux pieds nôtre païs,rendunos villes defertes,
L i v r e t r e n t e - s e p t i e ’ m e . 313
brûlé les fanétuaires, profané de fang les tables defti- '
nées au facrifices non fanglans, foüillé par les
plus fales voluptez la pureté des églifes. Heraclius
ayant ainfi encouragé fes troupes, eut dés cette première
année de l ’avantage fur les Perfes, & les battit
en Arménie.
Mais l’année fuivante ¿13 . indiébion onzième, i l .
s’avança jufques en P e r fe , & obligea Cofroës à
abandonner la ville de Gazac, où étoit le temple du
feu. Heraclius étant entré dans cette v ille , trouva
la ftatuë de Cofroës dans le palais ailife fous un
d om e , quireprefentoitleciel : autour de lui étoient
le fo le il, la lune & les étoiles & des anges d eb o u t,
portant des fceptres. On, y faifoit tomber par machines
, des goûtes comme de pluye , & entendre
des bruits qui reprefentoient le tonnerre. L ’empereur
fit b rû le r , & ce palais & le temple du feu , &
toute la ville. Puis pour fçavoir oû il devoit hiverner
, il purifia fon armée pendant trois jours ;i &
ayant ouvert les évangiles , il trouva qu’ils lui or-
donnoient d’hiverner en Albanie. A in fi la fuperfti-
tion des forts des fa in ts , neregnoit pas moins chez
les Chrétiens d’O rient , que d’Occident : on peut
vo ir ce que j’en ai dit a l’occafion du concile
d’Agd e & ailleurs. Heraclius étant arrivé en A l banie
, délivra par compaifion cinquante mille c a ptifs
, qu’il amenoit avec lu i , & leur donna les fe-
cours neceffaires : ce qui les porta à faire tous des
voeux pour lu i , en demandant avec larmes, qu’il fût
le libérateur de la Perfe qu’il fît périr C o froë s ,
qu ils nommoient le deftruéteur du genre humain ,
A n . 6 1 7 .
Theoph. an*
Codr. an. 15.
». 4 1X .
Sup. î. x x x r ,
n. 1 . X X X I V .
n. 31.