
9 4 H i s t o i r e E c c i , e s i a s t i q u e .
An. m m commence ainfi ^ Vous fçavez quelle paix vous
.avez trouvée dans les égli fes, 6c je nefçai par quel
mot i f vous prétendez vous attribuer un nouveau
nom., capable de fcandalifer tous vos freres. Ce
q u i m’étonne,, c’eft que vous avez voulu fuir l ’é-
pifcopat; ôc maintenant vous en voulez uier , comme
ii vous l’aviez recherché avec ambition : vous
vous déclariez indigne du nom d’évêque, 8t maintenant
vous voulez le porter vous feul. Pelage mon
5a/>.ftü.XXX IV. prédeceifeur vous en écrivit des lettres très-fortes :
où il caifa les aétes du concile que vous aviez tenu
en la caufe de nôtre frere l’évêque Grégoire; ôc
défendit à llarchidiacre , qui étoit fon nonce auprès
de l’empereur, d’aflifter à la meife avec vous.
Depuis que je fuis appellé au gouvernement de
l ’églifc , je vous en ai fait parler par mes autres
nonces , 6c maintenant par le diacre Sabinien.
Et parce qu’il faut toucher les playes doucement
avec la main , avant d’y porter le fer : je vous
prie , je vous conjure , je vous demande avec toute
la douceur poflible, de réfifter à ceux qui vous fiaient
6c vous attribuent ce nom plein d’extravagance
6c d’orgueil. Ces flateurs ;du patriarche , n’é-
toient pas feulement fes domeftiques ou fes amis
_ particuliers : mais la plupart des évêques d’O r ie n t ,
q u i n’a v o ien t accès que par lui auprès de l ’emp e reur.
Saint Grégoire cont inue : N e fç a v e z -v o u s pas
que le conc i le de Ca lc édoin e offrit cet honneur
aux év êque s de R om e , en les nommant univerfels ?
Ma is pas un n’ a v o u lu le recevoir , de peur qu’il ne
fembLat s’at tr ibue r feul l’épi fcopa t , 6c l’ô ter à toux
A n .
AB» fféa-
400* 405.
L i v r e T r e n t e - C i n q j i t e ’me : m
{ès freres ; Le refte de la lettre eft une exhortation
Vehemente à l’humilité. Nous trouvons en effet
dans le concile de Calcédoine des requêtes adref-
fées à faint L éon , fous le titre d’archevêque oecuménique.
Sçavoir celle de Théodore ôc d'ifchirion
diacres d’Alexandr ie, 6c d’Athanafe pfêtre, qui le
nomme patriarche oecuménique.
Saint Grégoire écrivit en même tems à fon
nonce Sabinien, lui découvrant l’artifice de Jean,
qui faifoit écrire l’empereur pour lui. Il efpcre,
dit-il, autorifer fa vaine prétention, fi j ’écoute l’empereur
: ou l’irriter contre moi fi je ne l’écoute pas..
Mais je marche le droit ch em in , ne craignant en
cette affaire, que Dicu-feul. N e craignez rien non
plus méprifez pour la v é r i t é , tout ce qui paroît
g rand en ce monde : ôc vous confiant en la grâce
de Dieu 6c au fecours de S. Pierre, agiftez avec une
grande autorité. Puifqu’ils ne peuvent nous défendre
des épées de nos ennemis , 6c nous ont fait perdre
nos biens pour fauver l’état : c’eft une trop
grande honte , qu’ils nous faifent encore perdre la
foi, en confentant à ce titre criminel. Saint Grégoire
traite cette conteftation de queftion de foi ; parce
qu’en effet la foi ne permet pas de ne reconnoître
qu’un feul é v êq u e , dont les autres ne fuifent que
les vicaires ; 6c il prévoyoit les fuites funeftes de
l ’ambition des évêques de C . P. qui n’a que trop
éclaté dans les fiecles fuivans.
C ’eft ce qui l ’obligea de répondre à la lettre de IY,i^
Üempereur en faveur du patriarche. Il dit qu’il ne
faut attribuer les calamitez publ iques, qu’à l’ambi