
». g .
j 54 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
pourquoi je vous conjure par la fainte T r in ité , de
nous en dire la vérité, de peur que nous ne foyons
fcandalifez injuftement. Saint Maxime fe mit à
g en o u x , ie r e le v a , 8c étendant les mains au c ie l ,
il dit avec larmes : Quiconque ne dit pas que
nôtre D am e , la tres-fainte Vierge, a été véritablement
la mere de D ie u , créateur du eiel & de la
terre ; foit anathême, de par le P e re , le Fils & le
S a in t-E fp r it, 8c toutes les vertus celeftes, 8c les
apôtrgs, les prophètes, les martyrs,& tous les faints,
maintenant 8c toujours, 8c dans tous les ficelés des
lîecles. Amen. Alors les alfiftans dirent en pleurant
: M on pere, Dieu veiiille vous donner la force
d’achever dignement vôtre courfe. Enfuite ils
tinrent plufieurs difeours fi édifians, que les foldats
s’aifembloient en foule pour les entendre. Mais un
des gardes du g én é ra l, voyant que leur nombre
croiffoit toujours , & qu’ils blâmoient la maniéré
dont on traittoit le faint vieillard: le fit enlever &
mettre à deux mille du camp : jufques à ce qu’on
l ’emmenât à Pcrbere. Les clercs de l’armée le fui-
virent à pied , pendant ces deux m ille s , & après
avoir pris congé de lu i , le mirent à cheval de leurs
propres mains. O n le mena à Perbere, & on le
mit en prifon.
Enfuite on le mena à C . P. avec fon difciple le
moine Anaftafe -, 8c on tint contre eux un concile,
où ils furent tous deux anathematifez, 8c avec eux
le pape faint M ar tin , faintSophrone de Jerufalem,
8c tous leurs adherans, c’eft-à-dire tous les Catholiques.
O n amena enfuite l ’autre Anaftafe que
S i !
con-
A n . 6;6.
L i v r e t r e n t e - n e u v i é ’m -e .
l ’on anathematifa de même. Et le concile ,
jointement avec le fenat, prononça contre tous les
trois une fen tence, où il difoit : Après avoir porté
contre vous le jugement canonique, il reftoit, que
vous fufiiez foûmis à la feverité des loix pour vos
im p ie te z, quoiqu il n’y ait point de peine proportionnée
à de tels crimes. T o u te fo is , laiftant au
jtifte juge la plus grande punition : nous vous donnons
la v i e , en nous relâchant de l’exaftitude des
loix ; & nous ordonnons, que le prefet ici prefent,
vous emmene incontinent dans ion pretorre ; qu’il
vous fafie battre le dos de nerfs de boeuf, & couper
jufques à la racine la lan gu e , qui a été l’inftru-
ment de vos blasfêmes, & la main droite, qui a fer-
v i à les écrire. Enfuite vous ferez promenez par les
douze quartiers de cette ville , & condamnez au
banniflement, & à la prifon perpétuelle , pour y
pleurer vos pechez le refte de vos jours. Cette ien-
tencc fut aufli-tot executée : le prefet fe faifit de
faint Maxime & des deux Anaftafes, le fit fouetter,
leur fit couper la langue à chacun, & la main droite,
les promena par toute la ville de C . P. & les envoya
en exil dans le païs de Lazes.
En Efpagne, la même année 656. huitième du
roiRecefuinte, Ere 694. le concile indiqué l’année
precedente s'aflembla, mais un mois plus tard : f 6 f 4fjl
c’eft-à-dire le premier jour de Décembre. O n le
compte pour le dixième concile d eTo led e , & on y
fit fept canons. Le premier marque que la fête
de la V ie r g e , c’eft-à-dire de fon Annoncia tion,fe
celebroit en differens jours dans les églifés d’Elpa-
A a a a ij
xxf .
Dixième concile
' de Tolede.