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fuada que fes convuliions étoient des extafes, pendant
lefquels il s’entretenoit avec l ’ange. Les d if-
cours de l ’A lco ran font fans raifonnement , fans
fu ite ,& fans liaifon : mais ils ne font pas fans deifein.
Ils tendent à autorifer la prétendue million de Ma homet
: en affinant avec une hardielfe extrême ,
qu’il parle de la part de Dieu , & rapportant les
exemples de M oïfc , des autres prophètes, de Jefus-
C h r iff même, qui ont toûjours trouvé de la refif-
tance de la part des hommes. Il raconte quantité
d’hiftoires de l ’ancien & du nouveau teftament,
mais prefque toutes altérées & mêlées de fable. Il
y a des ignorances groilïeres : comme quand il
confond Marie foeur de M o ïfe avec la vierge
Marie. Il y a des contradictions manifeftes , &c
une infinité de redites. Cependant il donne de
tcms en tems des préceptes de morales : prefcrit
des cérémonies de r e lig io n , ou de loix pour le
commerce de la vie : mais le tout fatis aucun o r dre.
Quelquefois il fait fon .ap o lo g ie , s’efforçant
de répondre aux reproches qu’on lui faifoit : quelquefois
il encourage les liens, abbatus par une défaite
, ou par quelque autre accident : & par tout il
répand de grands lieux communs , fur la majefté
de D ie u , fa puiffance & fa bonté : l ’ingratitude
des hommes, les peines 8c les récompenfes de l’autre
v i e , imitant autant qu’il p e u t , par un ftile pompeux
8c figu ré , l'éloquence fublime des vrais pro-
^ phctes.
n i. La doétrine qu’il en fe ign o it& les pratiques qu’il
Etat des A rabe s. r . '*/ • 1 1 \ 1 i a i p ro p o io it , n etoient pas nouvelles a la plupart des
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Arabes. Car encore qu’il y eût entre eux grand
nombre d’idolâtres, il y avoit aulfi beaucoup de
Juifs & de Chrétiens. Les Chrétiens étoient principalement
aux extrémitez de l’Arabie , vers la Syrie
& la Perfe : & toutefois au milieu, dans la pro- s«pi. i- xxxi.
vince deNage ran, il y avoit une é g life , 8c un fie- ■*'6c'
ge épifcopal dont il a été parlé. Quelques Arabes
étoient mages de religion : c’eft-à-dire adorateurs
du feu , fuivant la doétrine des Perfes. Mais la
plûpart étoient Sabiens, & adoroient les intelligences
8c les affres. Leur doétrine venoit des anciens
Ca ldéen s, qui enfeignoient que l'on ne pouvoir
s’approcher de D ie u , que par les efprits : ni des e f-
prits, que par le moyen des corps qu’ils habitoient,
& qui étoient premièrement les affres, puis les ftatuës.
Auflï croyent-ils aux influences des corps celeftes,
à la vertu desTalifmans & des enchantemens
: 8c leur doétrine étoit la même dans le fond , Suf_, xv n (
que celle des nouveaux Platoniciens, que fui voit
Julien l ’apoftat.
Mais de quelque religion-que fuffent les Arabes,
ils étoient communément fo r t ignorans : particulièrement
dans l ’Hejaz ou Arabie Petrée, païs peu
fréquenté des étrangers pour fa fterilité & la difficulté
de naviger fur la mer rouge. C ’eft la province
où l ’ufage des lettres étoit le plus nouveau ; du
tems de M ah om e t, il n’y avoit pas long-tems que
les Corifiens l ’avoient reçu ; 8c pour lui il ne fça-
v o it ni lire ni écrire. A v an t que les Arabes euffent
1 ufage des lettres, ils ne coniervoient leurs genea- f ' ?
logies 8c leurs h ifto ire s , que par des v e r s , comme