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An. 590, mor t , & la trouva dans le cercueil environnée, de fes
religieufes au nombre d’environ deux cent : entre
lefquelles il y avoit non-feulement des filles de fena-
teurs, mais des princeifes du fang roïal. Comme elles
felamentoient, il fe tournavers l’abbeflè, 8c dit i n terrompez
un peu ces plaintes pour penfer à ce qui
eft necelfaire. Nôtre frere Meroüée eft octupé loin
d’ici à vifiter fon diocefe : ne différez pas d’enfevelir
ce corps tandis qu’il eft encore entier. Que ferons-
nous , dit l ’abbeffe, puifque le lieu où elle doit être
enterrée n’a pas encore été confacré par la bénédiction
de l’évêque ? Alors les citoïens 8c les autres per-
fonnes puiffantes qui s’étoient aflemblées pour ces
funérailles , dirent à Grégoire : Confiez-vous en la
charité de vôtre frere , 8c beniffez cet autel : nous
fommes perfuadez qu’il ne le trouvera pas mauvais
Grégoire les c r u t , 8c confacra un autel dans l’églife
de fainte Marie où elle devoit être enter rée, 8c qui
eft aujourd’hui l’églife collégiale de fainte Radegonde.
On enleva donc le corps hors du monaftere
8c les religieufes n’en pouvant for t ir , fe mirent fur
les murs , 8c fur les tours, où elles continuoient leurs
gemiffemens Scieurs plaintes, enforte que l’on n’en-
tendoit pas la pfalmodie. Le corps étoit embaumé
8c enfermé dans un cercuëil de bois. On le mit dans
la foffe: 8c Gre*goire après avoir fait la priere fe retira
fans couvrir le fepulcre : rcfervant à Meroüée
evêque de Poitiers de le faire après y avoir célébré
% la meffe. Un aveugle fut guéri à cet enterrement ,
comme rapporte la religïeufe Baudonivie qui étoit
pref tnte, ¿c qui a écrit la vie de la fainte , 8c il fe
f i t
L i v r e T r e n t e - C i n q u i e ’m s : «f
£ t plufieurs autres miracles à fon tombeau.
Après la mort de fainte Radegonde, l ’abbeffe
pria encore l’évêque Meroüée , comme la Sainte
avoit f a i t , de la prendre fous fa conduite. Il voulut
d’abord le refufer : mais enfuite aïanrpris confe i l ,
il promit d’être le pere de ces religieufes', 8c de les
défendre au beioin. Et comme ce monaftere étoit
fous la proteêtion particulière du prince : il alla
trouver le roi Chi ldeb e r t , 8c en obtint des let tres,
qui lui permettoient d’y exercer la même autorité
que fur les autres églifes de fon diocéfe. L’abbeffe
Agnè s mourut peu de tems après, 8c Leuboüere lui
fucceda.
Il fe forma contre elle une faèlion violente.
Chrodielde fille du roi Cherebert fit jurer à plu-
iîeurs autres religieufes d’accufer Leuboüere de plu-
iïeurs cr ime s, afin de la chaffer du monaftere , 8c de
la faire abbeffe elle-même. Elle attira à fon parti fa
coufine Bafine fille du roi Chilperic -, 8c fortit du
monaftere avec quarante filles ou p lu s , en difant :
Je vais trouver les rois mes parens, pour leur faire
eonnoître la honte que nous fouffrons. On nous
traite non pas en filles de r o i s , mais en filles de
malheureufes efclaves. L’évêque Meroüée s’efforça
de les retenir: mais fans écouter fes remontrances,
elles rompirent les ferrures 8c les por tes, 8c fortirent
du monaftere. C étoit vers la fin de Février l’an 589.
par un très-mauvais tems 8c de grandes pluyes ,
qui avoient rompu les chemins : toutefois elles mar-
choient à pied, fans avoir un feul cheval , 8c per-
fonne ne jeur doonoit à manger fur le chemin.
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Greg« IX» hijt,
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'V.
Révolte de
Chrodielde«
Greg. X, hift»
c. 16»