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évêque de T r b y e s , étant tombé dans la difpracs
d’E b ro ïn , fut tourmenté & pendu.
Enfin Ebroïn fit amener laint Leger au palais 'à
Voulant le faire dépofer par le jugement des é v ê ques,
afin qu’il n’eût plus la liberté d’offrir le faint
facrifice. O n le preffa encore de s’avoiier coupable
de la mort du roi C hilderic : mais il le nia toujours,
prenant Dieu a témoin de fon innocence*
O n lui déchira fa tunique du haut jufques en basi
qui etoit encore une ceremonie de dépofition , &
on le mit entre les mains de Chrodobert comte
du palais, avec ordre de le faire mourir. Ebroïn
p révo y an t, qu’il feroit honoré comme un martyr,
ordonna que l ’on cherchât un puits au fonds d’un
b o is , pour y jetter fon corps, & le couvrir en forte
, qu’on ne pût le retrouver. Mais Chrodobert
fu t touché par les exhortations du faint : qui fça yoit
fe faire aimer & refpeétcr de tout le monde. N e
pouvant donc fe refoudre à le vo ir mourir, il commanda
a quatre de fes domeftiques, d’executer l ’ordre
qu il avoit reçû. La femme du comte en pleura
amerement : mais faint Leger la co n fo la , & lui d it,
qu’elle s’attireroit la benedi&ion de Dieu , fi e lle
prenoit foin de fa fepulture.
^ Les quatre exécuteurs le menèrent dans la forê t,
ou ne trouvant point de puits, ils s’arrêtèrent enfin,
& trois, fe jetterent à les pieds pour lui demander
pardon. IÎ pria pour eux : puis quand il aver-
fit qu il etoit tems, le quatrième lui coupa la tête.'
On dit que ce meurtrier fu t quelque tems après
faifi du démon & qu’il fe jetta dans un feu & y
L i v r e * t r e n t e - n e u v i e ’m e. ¿45
inourut. La femme du comte C h ro d o b e r t, fit enterré
le faint dans un petit oratoire, en un lieu
nommé Sarcin en Artois : mais il fu t depuis transféré
au monaftere dç faint Maixant en P oitou ,
d on t il a vo it été abbé, La forêt où il fu t tué ,
nommée auparavant Aquiline ou Iv e lin e , a pris
depuis plufieurs fiecles le nom de faint Leger: on a
bâti à ion honneur un tres-gra'id nombre d’églifes:
on rapporte quanti :é de miracles faits à fon tombeau
; & il n’y a gueres de faim plus illuftre en
France. L ’églife î’honore comme martyr, le fécond
jour d’O é to b r î > & i l mourut comme l’on c r o it , f
l ’an 6 78 ,
Fin du huitième Tome,
M m m m ij