
H i s t o i r e E c c h s i a s t i q u e .
glife étoit dédiée à faine Martin. Il y fie dreiTerune
c o lomn e , où il demeuroit debout & nuds pieds,
foufirant cruellement l’hiver : enforte que les ongles
lui tombèrent plufieurs fois. Il vivoi t d’un peu
de pain & d eau , avec quelques herbes. Le peuple
des villages voifins accouroic à ce fpeèfacle-; &c le
faint homme les exhortoit à renoncer au culte de
Diane , Si aux chanfons profanes qui accompa-
gnoient leurs feftins. Ils avoient une grande idole
de çette déeife, dont la fuperftition étoit célébré
dans ces vaftes forêts , dès le tems de l’empereur
Domi t ien, fous le nom de la Diane d’Ardenne.
Vulfilaïc fit tant , par fes exhortations Sc par fçs
pr ières, qu'il convertit ces Idolâtres > & après avoir
brifé les petites idoles, il leur perfuada d’abattre aufii
la grande , Si de la réduire en poudre.
Les évêques voïant fa maniéré de v iv re , lui di rent
: Vous ne devez pas prétendre à imiter le grand
Simeon d’A nt io chè , qui a vécu fur la colomne ; 8i
la fituation du pars ne vous permet pas de fouffrir
un fi grand tourment. Defcendez plutôt , Si logez
avec les freres que vous avez aifemblez. Il crut que
ce.feroit un crime de ne pas obéir aux évêques : il
defeendit de fa colomne, Si vécut avec les autres.
Un jour l’évêque Tarant fait venir aiTez loin de ion
monailere, envoïa des ouvriers qui abbattirent la colomne.
Vulfilaïc revenant le lendemain, ne la trouva
plus : Il en répandit beaucoup de larmes ; mais
il n’ofa la relever , de peur de défobeïr aux évêques.
Grégoire de T o u r s , pafTant par fon monafte-
*e , apprit tout ceci de fa propre bouche ; §i c’eft
L i v r e T r e n t e - C i n q u i e ’me. ^
l ’unique exemple de moine f tyli te, que je fâche en
Occident.
Vers le tems de la mort de faint T r ie r , parut
dans les Gaules un impofteur dangereux. Il étoit de
Berry , Si comme il coupoit du bois dans une fo r
ê t , un eifain de mouches l’ayant piqué , il perdit
ja raiion Si pafia pour 'infenfé pendant deux ans.
Enfuite il alla dans la P rovince d Arles , où il le revêtit
de peaux , Si paroilloit appliqué a Toraifon»
On prétendoit même , qu’il âvoit des révélations.
De-la il pafla dans le Givaudan , où il commença
adiré qu il etoit leGhr if t j ayant avec lui une fem*
me qu’il nommoit Marie. Beaucoup de peuple lui
amenoit des malades , Si on prétendoit qu’il les
guerifloit en les touchant. On lui donnoit de Tor ,
de 1 argent , des habits v qu il diftribuoit aux pauvres
pour mieux tromper : mais il pilloit aufii les
paifans , pour faire des aumônes de leurs dépoiiilles.
Il fe profternoit a terre , Si prioit avec cette femme >
& fe relevant fe faiioit adorer par les aflîftans ,
menaçant de mort ceux qui refuioient de le faire*
menie les eveques. Ses prediêtions étoient ordinairement
des maladies ou des per tes, dont il mena-
çoit. il feduifit une multitude infinie de peuple ; Si
non-feulement des paifans, mais des ecclefiaftiques,
enforte qu’il étoit fuivi de plus de trois mille per-
fonnes. Etant entre dans le Ve la y , il s’arrêta près
d Anis, à prefent le Pui , avec toute fon a rmé e ,
qu’il rengea en bataille , pour attaquer Tévêque Au-
relius. Il envoïa devant lui des hommes nuds, dan-
fant & folâtrant, pour annoncer fon arrivée. L’évê-
A n. 592..
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Impofteur en
Gaule.
Greg. X. biïl, e.
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