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An. ^95. ordination faite à prix d’a rg en t , 8c les meffes qu’il
a ofé dire étant excommunié : dont je prie Dieu
qu’il fe puiffe juftifier. Il eft vrai que l'empereur
m’ordonne de le recevoir avec honneur , quand il
viendra ici : cela eft rude à l’égard d’un homme
prévenu de tant de crimes ; 8c fi les caufes des évêques
, dont je fuis chargé, font réglées auprès de
l ’empereur par le crédit des autres , que fais-je dans
cette églife ?
jY.xpiAîi. To u s les patriarches étoient intereffez àreprimer
la prétention de Jean de C. P. c’eft pourquoi Saint
Grégoire en écrivit une lettre commune à S. Euloge
d’Alexandrie, 8c à Saint Anaftafe d ’Antioche. Il y
reprend le commencement de la conteftation, qu i
duroit depuis huit ans : à compter de ce concile de
^s»j>. x x x i v j ean de c . P. qui fut cafté par le pape Pelage»
Saint Grégoire répété les mêmes raifons, qu’il avoit
employées dans les autres lettres ; & ajoute : N ô
donnez donc jamais àperfonne le titre d’univerfel :
£c n’ayez fur ce fiijet aucun mauvais foupçon de
l ’empereur. Il craint Dieu , & ne fera rien contre
l ’évangile 8c les canons. Et enfuite : Si on permet
d’ufer de ce titre , on dégrade tous les patriarches ;
& quand celui qu’on nomme évêque univerfel
tombera dans l ’erreur, il ne fe trouvera plus d’évê-'
que qui foit demeuré dans la vérité. Je vous conjure
donc d’être conftans à garder vos églifes, telles que
vous les avezreçuës. Prefervez de cette corruption
tous les évêques qui vous font ibumis, & m ontrez -
leur que vous ères vrayement patriarches d e l ’églife
uniVerfelle. S’il furvient quelque adverficé , de-
L r V r e T r e n t e - C i n q u i e 'm e ; 99 r
meurons unanimes, 8c montrons même en mou- A n . 595«
r a n t , que ce n’eft pas nôtre intérêt particulier, qui
nous fait condamner ce titre. C r o y e z -m o i , comme
nous n’avons reçu nôtre rang que pour prêcher la
v é r i té , il eft plus fur de l’abandonner pour el le , s’il
eft befoin , que delà garder. Priez pour m o i , afin
que je montre par mes oeuvres ce que je prends la
liberté de vous dire. Ces cinq lettres de Saint Grég
oire, touchant la prétention de Jean deC. P. fem-
blent etre de meme date , ç eft-à-dire du premier
de Janvier 59 j. 8c avoir été envoyées enfemble au
jionce Sabinien.
Cependant Rome étoit preffée par les Lombards. s„* „;s tIe
Romain patrice 8c exarque de Ra venne , avoit pris iàint Grégoire*
fur eux, au. préjudice des t rai te z , Peroufe & plu-
■fieurs autres villes. Agilul fe leur r o i , en fut - imté;
8c fortant de Pavie fa refidence ordinaire, il vint
avec une puiffante armée reprendre Peroufe , &s'a- UJt'
vança jufques à Rome qu’il aifiegea. L’exarque l’a-
vo i t degarnie pour prendre Peroufe : enforte que le
prefet Grégoire, 8c le maître de la milice Cafto-
r ius , eurent bien de la peine à garder Rome , qui
manquoit de to u t , de pa in, de troupes 8c de peuple.
Saint Grégoire expliquoit alors dans fes fermons
le prophète Ezechiel. Car étant fi appliqué à tous
le s devoirs d’é v êq u e , i l nemanquoitpasau premier
de tou s , qui eft la prédication. Dès le commencement
de fon pontificat, il fit les quarante home-
l ie s , fur les évangiles que l’on lifoit à Rome pen-
4 ant le cours de l’année : les même s , pour la plû- ^
N ij