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H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
Paircr la fête hors 7de— fon é7g5li,f-e7. *Heétor logea chez
faint L e g e r , qui s’etoit déclaré pour lui ; & cette
union donna pretexte aux ennemis de faint Leger,
-de perfitader au maire du palais V u lfo ad e , & au
roi Childeric, qu H c ite r & Leger confpiroient cn-
fem b le , pour s’attribuer la fouveraine puiffance.
D és le jeudi fa in t, un moine nommé Bercaire,
avertit faint Leger,que le roi voulo it le faire mou rir
: mais il ne laiifa pas le lendemain d’aller au palais
: voulant bien donner fon fa n g , le jour que le
Sauveur a donné le iîen ; & le roi l ’auroit deilors
tué de fa main, fi quelques feigneurs ne l’en avoien't
d étourné, par le refpeét du jour.
Saint Prcjeél étant arrivé à Autun , il entra avec
Heétor dans la fale d’audience, où leur caufe de-
vo it être examinée : mais il remontra, qu’il ne d e voir
point être obligé à répondre ce jour-là , qui
étoit le famedi faint : parce que les canons & la loi
du roy aum e , défendoient de juger des affaires en
ces faints jours. T o u te fo is , étant preffé de répond
re , il dit que les affaires de fon églife étoient
fous la p roteition de la reine Imnichilde veuve du
roi Sigebert. On ne paffa pas plus avant : a,u contraire
, le roi Childeric & la reine Blichilde fon
ép o u fe , firent publiquement des exeufes à faint
Prejeét, de-la peine qu’on lui avoit donnée de venir
à Autun. Et comme le roi irrité contre faint
Leger , ne vouloit point affifter à fon office : il
pria faint Prejeét de le celebrer pour l ui , dans l’é-
g life de faint Symphorien. Car on étoit déjà après
m id i , & l’heure ap p roch o it, où on devoir com-
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mencer la folemnité de la veille de pâque.Tous les
grands & les évêques, qui étoient prefens, jo ign irent
leurs inftances à celles du roi : & faint Prcjeit
célébra devant lui l ’office & la meffe de cette fainte
nuit.
Saint Leger célébra de fon côté dans la cathédrale
: comme il alloit à l’office, on l’avertit encore
de prendre garde à l u i , &. que le roi avoit refolu
de le faire tuer après la meffe. Il ne laiffa pas de
paffer outre ; & il étoit encore dans le baptifte re,
quand le roi vint l’appeller à haute vo ix . L ’office
que faint Preject avoit célébré, étoit déjà f in i , &
je roi avoit mangé & pris beaucoup de v in , ta-ndip
que les autres étoient encore à jeun. Il vin t à l e -
glife appellant Leger par fon nom ; & comme on
lui d it , qu’il étoit dans le baptiftere, il y entra; &
fut fi étonné dans la grande lumière qu’il y vit, de
la bonne odeur du faint chrême, que l ’on y appor-
toit pour les nouveaux bapti'fez , ‘qu’encore, que
faint Leger lui répondit : Me vo ici, il paffa fans le
reconnoitre, & fe retira à la maifon de l ’églife , où
il logeoit. Les autres évêques, qui avoient célébré
la fainte nuit avec faint Leger, retournèrent à leurs
logis. Pour lu i , fans rien craindre, il alla trouver
le roi, & lui demanda doucement, pourquoi il 11 e-
toit pas venu avant l’office, & pourquoi il gardoit
fa colere dans une fi fainte nuit? Le roi ne fi^achant
que- lui répondre, dit : J’ai quelque rai fon de me
défier de vous.
• Alors faint Leger voyant le roi déterminé à le
perdre avec le patrice H e é fo r , refolut de fc retirer