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L I V R E T R E N T E - H V I T I E ' M E .
Commencemens Ependant l’O rient étoit ravagé par les Arabes
de'Mahoma. Mufulmans, fe&ateurs de Mahomet ; dont
les progrès inoüis m’obligent à expliquer leur o r igine.
Dans l’Hejas ou Arabie Petrée , qui borde
la mer rou g e , & la M eq u e , v ille ancienne, où ha-
bitoit alors entre autres une tribu d’A rab e s , nommez
les Coraifites ou C o r iiîen s , qui fe preten-
doient defeendus d’Ifmaël par Cedar fon fils aîné.
D e certe tribu étoit la famille d’H afeh em , de laquelle
vint M ah om e t, ou plûtôt Mahommed : car
e w . c. i. c’efl- açn£ qUe j es Arabes prononcent fon n om , qui
fignifie Defiré. Il naquit l ’an d’Alexandre ~ 88z;
fuivant les Egyptiens : c’eft-à-dire l’an de Jefus-
i>7». C h r ift II perdit fon pere Abdalla à l ’âge de
deux ans , &c fon ayeul A b d e lm o u lé ljn e lui ayant
rien laiile , il fe trouva dans une grande pauvreté :
mais A b o u ta lib , un de fes oncles paternels, prit
foin de fon éducation. Il l ’employa>au trafic , qui
étoit l ’occupation des habitans de la M e q u e , à
caufe de la fterilité du païs ; & à cette occafion
Mahomet voyagea fo r t jeune en Syrie jufques à
Damas. Une riche veuve nommée Cadija le prit
pour fon fa é feu r , & enfuite l ’épou fa , quoiqu’il
n eut que vin gt-huit ans & elle quarante ; il ne
lailla pas d’en avoir plufieurs enfans, entre autres
_ . fa fille Phatima,
A l ’âge de quarante a n s , & l ’an de Jcfus- II l i t . e s A ./»•':■; .
L i v r e t r e n t e - h u i t t e ’ m E. 3 7 1
C h r ift 608. Mahomet commença à fe déclarer p rophète
& infpiré de Dieu pour rétablir la religion ;
& le perfuada premièrement à fa femme C ad ija ,
puis à Zeïde fon e fc la v e , à fon coufin A l i fils
d ’A b c u ta lib , & à Aboubecre homme de grande
réputation pour fa vertu & fes richeflcs. Il gagna
encore cinq autres perfonn es, n e u f en tout -, &
quatre ans après il fit ouvertement le prophète &
prêcha fa religion. Il ne prétendoit pas qu’elle fût
nouvelle : mais il fe vantoit de rétablir dans fa pu^
rete celle d’Abraham & d’Iimaë l, plus ancienne,
d ifo i t - i l , que celle des Juifs ou des Chrétiens.
V o ic i l’abregé de fa do&rine. Il n’y a qu’un Dieu
fouverainement parfait & créateur de l’univers. Il
a envoyé en divers tems des prophètes pour in f-
truire les hommes ; fç a v o irN o e , Abraham, Moïfe,
& les autres, que les Juifs reconnoilfent : aufquels il
ajoûtoit quelques Arabes, fuivant la tradition de fon
païs. Le plus grand de tous les prophètes, ajoûtoit-il,
a ete Jefus fils de Marie , né d’elle quoique vierge,
par miracle. C ’eft le M e ifie , le V e rb e , l ’Eiprit de
Dieu. Les Juifs le voulurent faire mourir par envie
, mais Dieu le fauva par miracle. Jean fils de
Zacharie, les apôtres de Jefus & les martyrs, font
auftî des iàints. La lo i de Moïfe & l ’é v an g ile ,
font des livres divins. Mais les hommes ont toujours
abufé des grâces de Dieu ; les Juifs & les
Chrétiens ont altéré la vérité & corrompu les faim-
.tesécritures. C ’eft pourquoi Dieu m’a envoyé pour
inftruire les Arabes par un homme de leur nation.
J[1 faut donc renoncer à l’idolâtrie, n’adorer qu’un
A a a ij