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6 1 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
ge d’Y o r c , & caiTa l’o rdination de Ceadda fori
compétiteur, comme doublement irreguliere : car
il avoit été intrus en ce fiege au préjudice de V i l -
f r id , & ordonné par des Anglois fchifmatiques.
Ceadda lui dit : il mon épifcopat n’eft pas légitim
é , j’y renonce volontiers,
je n ai jamais cru en
être digne , & ne l ’ai
accepté que par obéïifance :
ainfi il fe retira dans Ton monaftere de Leftinguen.'
-Mais Théodore & V ilfr id touchez de Ton humilité,
lui donnèrent lev ê ch é des Merciens, vacant par la
mort de Jaruman, arrivée, comme l’on c r o i t , l’an
Suppi.fec. 4.par. 669. Saint V ilfr id lui donna une terre nommée
Lic e fe ld , c’eft-à-dire Champ des corps : à caufe de
la multitude des martyrs, qui y avoiènt fouffert du
tems de Diocletien : c’eft dans la Comté de Stafford.
Le roi Vu lfe re avoit donné cette terre à faint
V ilfr id , pour y établir un fiege épifcopal, foit pour
lu i,fo it pour un autre. Saint V ilfr id la donna donc
à faint Ceadda, & faint Théodore &c lui l’ordonne-
rent évêque regulierement par tous les degrez ec-
clefiaftiques. ;
Saint V ilfr id étant rétabli dansfon fiege d’Y o r c ,
repara l’é g life , que faint Paulin y avoit autrefois
b â t ie , & qu’il trouva fo r t en defordre. I l la fit
couvrir de p lom b , blanchir le murailles, fermer
de vitres les fenêtres : chofe nouvelle en ce p a ïs ,
& neceifaire contre la pluye & les oifeaux. Il bâtit
aufli l’églife de fon monaftere de Ripon , & la dédia
folemnellement en prefence des deux rois Eg-
frid & El vin freres. En cette cérémonie, il fe tourna
vers le peuple devant l’a u te l, & fit publiquement
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ment le dénombrement des terres , que les rois
avoient données à ce monaftere. O n regarda com-
me une merveille, un prefent qu’il fit à cette églife,
d’ün livre des évangiles écrit en lettres d’or, fur du
parchemin de pourpre & couvert de lames dor ,
ayec des pierreries.
Cependant faint Ceadda fu t bien reçu par le b *.
roi V u lfe r e , & gouverna tout enfemble les églifes l' 1
de Merce & de Lindisfarne , vivant dans une
grande perfeétion. Il avoit accoutumée défaire fes
vifîtes a pied ; mais faint Théodore l’obligea de
prendre un cheval, quand le chemin feroit lon g :
& pour vaincre fa refiftance, il le mit à cheval lui
même de fa propre main. Ceadda se toit fait une
demeure prés de l’é g life , où il fe tenoit avec fept
ou huft moin e s , quand fes fonctions lui permet-
to ie n t , pour s’appliquer à la priere & à la leétu-
re. La crainte de Dieu étoit fi viv e en lu i , que
fi pendant qu’il l i io i t , il s’élevoit un coup de
v e n t , il avoit recours à la priere. Si le vent re~
d o u b lo it , il fermoic fon livre , & fe profternoit
fur le vifage. la tempête étoit plus forte ou
qu’il v în t des éclairs & des tonnercs : il alloit
a l ’eg liie , & difoitdes pfeaumes ou d’autres prières,
jufques à ce que l ’orage fu t pafle. Quand on lui
en demandoit la raifon , il difoit : Ces mouve-
mens de l’air font des avcrtiifemens que Dieu nous
donne, pour nous faire fouvenir de fon terrible jugement
, comme s’il levoit la main avant que de
frapper. Le faint évêque ne gouverna cette églife,
que deux ans, & mourut l’an 6 7 1 . le fécond jour
Tome V I I I , I i i i
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