
4 4 4 ' H i s t o i r E c c x e s i a s t i q ü e.
noîtrc des vo lon te z naturelles, ont d it que les peres
avoient attribué à Jefus-Chrift la volonté humaine
par appropriation. ; Saint Maxime l’ayant fait e x pliquer
fur cettp appropriation , lui fit a vo u e r ,
qu’ils ne la niettoient que dans l ’affcttion ; comme
les amis s’approprient les biens & les maux les uns
des autres , fans les fentir effettivement en eux-
mêmes. Enfuite il lui prouva fa c ilem en t, que la
volonté eft naturelle a l’homm e , puifqu’il n’ap-
■prend point à v o u lo ir , & qu’il eft lib re, comme
étant créé à l’image de Dieu-, d’où il conclut
ainfi : Puifque la vo lon té eft naturelle à l’homme,
- fi Jefus-Chrift ne s’eft approprié la volonté humaine
, que par fimple a ffe ttion , il s’enfuit necef-
fairement, qu’il n’a pris les.autres proprietcz de la
nature humaine, que de la même maniéré ; & par
confequent, que tout le my ftere de l’Incarnation eft
imaginaire. De p lu s ,; la fenrence de Sergius condamne
ceux qui difent les volonte z , en quelque
man iéré que ce foit : or ils en admettent deux par
cette appropriation. De plus, ils foûtiennent qu’en
mettant deux vo lon te z, on m et deux perfonnes:or
ils mettent deux volon te z, quoique fauffemen't par
cette appropriation -, donc ils mettent aulfi deux
perfonnes.
Pyrrus dit enfuire : C e n’eft pas à mauvaife in ten
tio n , qu’ils ont ainfi pa rlé , mais pour montrer
l ’union parfaite. Saint Maxime répondit : LesSevc-
riens diront auifi , que ce n’eft pas à mauvaife in tention
, qu’ils foûtiennent une feule nature, mais
pour montrer l’union parfaite , & vous combat-
L i v r e t r e n t e - h u i t i ë ’m e . 44 ;
tront avec vos propres armes. Après quelques au- ^ ^
très difcours, il preifa Pyrrus par ce raifonnemcnt : N‘ WK-
-En foûtenant qu’il n’y a qu’une volonté , il faut f . 17J.
qu’ils la reconnoiflènt ou d iv ine , ou angelique,ou
humaine : & par confequent, qu’ils reconnoiffent
Jefus-Chrift ou Dieu feulement, ou d’une nature
angelique,Ou purement homme. Pour fe retirer de
cet embarras, dit P yr rus , ils difent que la volonté
n’eft pas naturelle, mais feulement que la nature en
eft capable. Ils ne gagnent rien à ce d é tou r , dit t ''?*-
faint Maxime. C a r la volonté fera donc une habitude
qui peut s’acquérir : Jefus-Chrift l’aura donc
acquife en l ’apprenant & y profitant, & ils retombent
dans l ’erreur de Neftorius. Puis pour montrer
que la volonté eft le fond de la nature , il ajouta :
Je leur demanderòis vo lon tie r s , fi le pere éternel
veut en tant que pere, ou en tant que D ieu. Si c’eft
en tant que pere, fa volonté eft autre que celle de
fon fils : que s’il veut en tant que Dieu, la volonté
appartient donc à la nature.
Après quelques objettions tirées des peres, & re-
foluë par faint M ax ime, Pyrrus lui dit : Peut-on t.
prouver cette dottrine par l’ancien & le nouveau
teftament ? Sans doute reprit faint Maxime. Car
les peres n’ont pas parlé d’eux-mêmes , mais par la
grâce du faint Efprit, dont ils étoient remplis. Puis
il apporta ces partages de l’évangile : Le lendemain fô a n . J. 43.
Jeius voulut aller en Galilée. Je veux que ceux-ci xvu. 14.
foient où je fuis. Il dit : J’ai fo i f : on lui donna Mat.xxvu. J3.
du vin mêlé de f ie l, & en ayant g o û té , il ne vo u lut
pas en boire. Jefus marchoit en Galilée ; car il
K k k iij