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A n . 591. fin de Palerme, fe plaigni t , que les-habitans d’une
terre de l ’églife Romaine , vouloient s’emparer
d’une terre voifine appartenante à fon monaftere.
Saint Grégoire écrivit au foudiacre d’aller fur les
l ie u x , 6c d’abandonner la prétention de l ’églife
Roma ine , fi le monaftere étoit en paifible poifef-
fion depuis quarante ans.
Pierre aïant reconnu plufieurs abus , qui fe com-
mettoient en l’adminiftration des patrimoines de
’ t.ef.a, S ic i le , en envoïa un ample mémoire au pape ,
q u i 'lu i donna la refolution exaéte de toutes fes
difficultez. Nous avons appr is , dit-il , que l ’on
diminue aux païfans , fujets de l ’églife , le prix du
bled dans le tems d’abondance ; 8c nous voulons
qu’on leur paie toujours fuivant le prix courant j
fans déduire le bled qui périt par les naufrages t
bien entendu que vous aurez foin de faire le tranf-
port à tems. Il eft injufte qu’ils fourniffent le
bled à plus grande mefure , que celle qui ;entre
dans les greniers de l’églife. Nous défendons aui-
f i , que les fermiers paient au-delà du prix dé leur
bail; & nous retranchons toutes les exactions for-
d id e s , qui excéderont la fomme que vousfeur aurez
prefcrite, félon leurs forces. Et afin qu’après notre
mort , on ne puiife les charger de nouveau ï
nous voulons que vous leur donniez une aflurance
par écrit , qui porte la fomme que chacun d’eux
doit païer. Et ce que le reéteur du patrimoine pre-
noit fur ces menus droits ; nous voulons que vous
le preniez fur le prix du bail. Sur tout aïez foin
qu’on n’ufe- point de faux p o ids , en recevant les
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païemens des fermie r s , comme le diacre Servufdei A n . 5? 1 *
en a trouvé : mais faites les rompre, 8c en mettez
de nouveaux.
Nous avons encore appris, que nos païfans font
vexez dans le paiement du premier terme de leurs
rentes :,car n’aïant pas encore vendu les fruits , ils
font obligez d’emprunter à gros intérêts. C ’eft pourquoi
nous ordonnons, que vous leur donniez du
fonds de l’églife ce qu’ils auroient emprunté à des
étrangers, 8c que vous le receviez d’eux peu à peu,
ielon qu’ils en auront : de peur que les denrées qui
leur fuffiroient pour s’acquitter, ne fuffifent pas, fi
en les preflant on les oblige de les vendre à vil prix.
Nous voïons encore , qu’on prend des droits exçef-
fifs pour les mariages des païfans ; nous voulons que
ce droit n’excede point un fols d’or , même pour
les riches ; qu’il foit moindre pour les pauvre s , 6c
qu’il tourne au profit du fermier, fans entrer dans
nos comptes. Ce droit étoit purement feigneurial,
8c une efpece de tribut fur ces païfans, qui étoient
demi ferfs. En général il lui donne cette réglé :
Nous ne voulons point que les coffres de l ’églife
foient fouillez par des gains fordides. Le refte de
là lettre contient de femblables reglemens; 8c fait
voir en quel prodigieux détail entroit le pape faint
Grégoire , nonobftant fes autres occupations : la
conduite de l’églife Romaine , l’infpeétion fur toutes
celles d’I talie, 6c fur l’églife univerfelle. Mais il
ne croïoit aucun travail indigne de lui , pour entretenir
en valeur les patrimoines de l’églife , 6c fur
tour pour y faire obferver une jufticc très-exaéfe.
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