
XXXVIII.
Coinmenceineus
de faine Eloi.
Vit a ap. Sur. i.
Doc. ¿0 to.f* Spic.
3 3 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ^
du, les habitans accoururent en foule, priant humblement
le faint évêque de les faire Chrétiens. Ils
détruifirent leurs temples de leurs propres mains,
& à la place faint Amand bâtiffoit des églifes &
des monalteres, par les liberalitez du roi & des
perfonnes de piete. Le faint évêque vo yan t que la
fo i commcnçoit à s’établir en ces quartiers, alla
prêcher aux Sclaves , qui nouvellement venus du
No rd , faifoient de grands progrès en Germanie.
A y a n t donc paifé le Danube , il annonça l’évangile
à ces barbares avec grande liberté , efperant
même remporter la couronne du martyre : mais
vo y an t qu’il y faifoit peu de f r u i t , il revint à fon
troupeau.
Parlons maintenaht de ces deux vertueux laïques
Dad on & E lo i , qui tenoient un iî grand rang a la
cour du roi Dagobert. Le plus âgé étoit Eloi né près
de Limoges, d’une famille qui comptoir une longue
fuite de Chrétiens,& qui fans doute étoit Romaine,
comme fait voir fon nom Latin E ligius,& celui de
fon pere Eucher. C e lu i-c i l ’ayant bien inftruit
dans la religion, & lui vo y an t une induftrie fingu-
lie r e , le donna à un homme coniîderable nommé
A lb o n orfèvre & maître de la mpnoye à Limoges,
dont il appris l’art en peu de tems. A y an t eu
quelque occafion de venir en France , c’eft-à-dirc
au-deça de la Loire , il fut connu de Bobbon tre-
forier du roi Clotaire II. & fe mit fous fa conduite.
L e roi voulant faire faire un fiege magnifique orné
d’or & de pierreries, ne trouvoit point d’ouvrier
dans fon palais, qui pût exécuter fa penfée. Le treiorier
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forier lui indiqua Eloi, que le roi accepta avec joy e ,
& remit au treforier une grande quantité d’o r pour
l ’exécution de fon deiTein. Eloi travailla diligemment
, & apporta au roi la chaife qu’il lui avoit
donnée à orner , dont le roi fut tres-content ; &
ayant loüé hautement l ’élegance de l ’o u v ra g e , il
ordonna que l ’ouvrier fût dignement recompenfé.
Alors Eloi découvrit une fécondé chaife toute fem-
blable à la première , & d i t , qu’il l ’avoit faite de
l ’or qui étoit refté. Le roi admira fa fidélité & fon
induftrie ; & par fes réponfes lui trouvant beaucoup
d’efprit, lui donna grande part à fa confiance.
Depuis il fut lui même monétaire: & l ’on vo it en- usum. ¡„jt,
core fon nom en plufieurs monoyes d’or frappées
à Paris fous Dagobert & fon fils Clovis.
Eloi étant venu en âge meur, & voulant mettre rfa
confcience en repos, confefTat devant un prêtre
tout ce qu’il avoit fait depuis fa jeuneife , &c s’im-'
pofa une fevere penitence. C ’eft le premier exemple
que je fçache de confeflïon generale. Après la t e
mort de Clotaire , il fut en fi grand crédit auprès
du roi D a g o b e r t, qu’il attira l’envie des méchans,
àufquels il s’oppofoit.Cependant il continuoit toû- <■, ia.
jours a travailler de fon a r t , à divers ouvrages d’or
&c de pierreries,pour le roi. Il avoit prés de lui un
efclave Saxon nommé T i l lo n , qu’il forma dans la
vertu , enforte qu’il devint un grand perfonnage, g
connu fous le nom de faintTheau,& honoré le fept f-
de Janvier. En travaillant faint Eloi avoit devant
les yeux un livre ouv e r t, pour s’inftruire en même
tems dans la loi de Dieu. Autour de fa chambre
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