
j 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ôc ne pouvoic foûtenir la guerre. Ariulfe duc de
Spolette venoit juiques à Rome ; tuoic les uns ôc
mutiloic les autres; ce qui affligea tellement faint
Grégoire, qu’il en tomba malade, comme il l’écrit
à Jean évêque de Ra venne , pendant l ’été de l’an
591. J’étois fort étonné , ajoute t-il, que vous ne
fiffiez rien pour nous, vous dont la vigilance m’eft
fi connue : ôc j ’ai vû par vos lettres , que vous
agifl'ez af fez, mais que vous n ’avez perfonne auprès
de qui vous puiffiez agir. En effet , celui qui y e f t ,
c’e f t -àd i re , l’exarque, négligé de combattre nos
ennemis, ôc nous défend de faire la paix : quoiqu’ à
prefent nous ne pourrions la faire quand il le voudrait
: car Ariulfe aïant les troupes d’Autaris ôc de
No rdul fe , veut avoir les contributions qui leur
font d û ë s , avant que de parler de paix. Au refte ,
l’animofité du patrice Romain ne doit pas vous al-
larmer : plus mon rang me met au deiïus de lui „
plus je dois avoir de gravité , pour fouffrir fes le-
geretez. Si toutefois vous le trouviez un peu trai-
table , faites-le confentir que nous faffions la paix
avec Ariulfe. Car on a ôté les meilleures troupes
de Rome , comme il fait ; ôc les Theodofiens qui
relient n’étant point païez , veulent à peine garder
les murailles. Et enfuite : Quant à Naples , repre-
fentez auffi à l’exarque, qu’Arigife s’eft joint avec
A r iu l f e , ôc en veut à cette ville : enforte qu’il la
faut compter pour perdue , fi on n’y envoie
promptement un commandant. Arigife étoit le duc
de Benevent. Saint Grégoire ajoute : fi vous per-
fuadez à l’exarque de nous laiifer traiter la paix >
L i v r e T r e n t e - C i n q ^ / i ’eme . 59
je vous envoïerai une autre perfonne , pour convenir
du prix. C ’eil qu’on ne trairait avec les Lombards
, que pour de l’argent. On voit par quelques
autres lettres, qui femblent regarder la même guerre,
le foin de faint Grégoire , pour exciter les capitaines
Romains à refifter aux Lombards : mais la plus
-remarquable eil celle où il ordonne aux foldats de
Nap le s , d’qbéir au tribun Conftantius , qu’il en-
voïoit pour y commander. La négligence de l’e xarque
l ’obligeoit d’en ufer ainfi ; ôc peut - être
payoit-il ces troupes. Car au r ef te, on ne peut
douter de fa foumiifion , pour les puiftances temporelles.
Jean de Ravenne avoit écrit au pape , touchant
les évêques fchifmatiques d’Iftrie : qui avoient obtenu
de l’empereur , de faire cefter les pourfuites
que le pape faifoit contre eux, alléguant pour rai-
fon de cette furféance , les ravages des Lombards.
Car ils avoient défolé leur païs , ôc brûlé Grade,
où leur patriarche Severe faifoit fa réfidenee. Jean
de Ravenne propofoit même au pape d’envoïer à
Severe quelque aumône en cette occafion : fur quoi
le pape lui répond : Vous ne parleriez pas ainfi , fi
vous fçaviez les préfens qu’il envoie à la cour contre
nous. Et quand il ne le ferait pas , nous devons
faire la charité à ceux qui font fidèles à l ’é g l i f e ,
avant que de la faire à fes adverfaires. La vilje de
Fano eft proche , d’où on a enlevé plufieurs captifs ;
j y voulus envoïer l’année paiTée, mais je n’ofai le
faire au milieu des ennemis. Je fuis donc d’avis que
yous y envoiïez l’abbé Claude avec quelque ar-
H ij
A n . 591.
1. ep. 14,
11» ep, pr.