
VitaS.Joan.per
Le on t.c, 1.77.10*
apm Boll.to. i
y os. Item vit a
Metaphr. c.t.n.
i . ibid.p* $ 18.
y, Cang glejT,
Luc, v i.
170 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
c le r c s , laïques , magiftrats , particuliers, même les
évêques, fe refugierent à Alexandrie. Jean les reçut
tous, 8c leur donnoit tous les jours libéralement ce
qui leur étoit neceflaire , fans regarder à leur multitude.
Ayant fçû la prife de Jerufalem, il y envoya
un homme pieux nommé C refippe , avec beaucoup
d ’a rgent , de bled , d’autres vivres &c d'habit ; tant
pour voir cette defolation , que pour afhfter ceux
qui étoient demeurez. Il envoya d’ailleurs Théo dore
évêque d’Amathonte, Anallafe abbé du mont
faint An to in e , 8c Grégoire évêque de Rinocoture,
avec de très-grandes iommes, pour retirer ceux qui
avoient été emmenez captifs. Le faint patriarche
recevoit tous ceux qui venoient à l ui , 8c les con-
foloit comme fes freres. Il fit mettre les bleifez 8c
les malades dans des hôpitaux, où ils étoient traitez
gratuitement, 8c n’en lortoient que quand ils vou-
loient ; il lesvifitoit deux ou trois fois la femai-
ne. Quant à ceux qui fe portoient b i e n , 8c qui
venoient recevoir l’ aumône : il donnoit aux hommes
chacun un filique , valant environ huit fols de
nôtre monnoye , aux femme s , comme plus foibles,
le double. Quelques - unes 'portant des bracelets
8c des ornemens d’o r , ne laifïoient pas de demander
l ’aumône ; ceux qui en étoient chargez , s’en
plaignirent au patriarche : mais il leur dit d’un ton
8c d’un oeil fevere contré fa coutume : Si vous voulez
être mes oeconomes, ou plutôt de Jefus-Chrift,
obéiffez fimplement à fon precepte , de donner à
quiconque nous demande. Il n’a pas befoin , ni moi
non p lu s , de miniftres curieux. Si ce que je donne
L i v r e T r e n t e - S e p t i e ’me . i j i
ctoit à m o i , j ’aurois quelque raifon de le ménager:
mais s’il eii à Dieu, il veut que l’on execute fes ordres
dans ladiitribution de fes biens. Je'ne veux pas prendre
part à vôtre peu de foi: car quand tout le monde
s’aifembleroit à Alexandrie, pour demander, ils n’é-
puiferont pas les treiors immenfes de Dieu.
L’année fe trouva fterile, parce que le N i l n’étoit
pas monté à l’ordinaire : ainfi la cherté des vivres ,
8c la multitudé de ceux qui fuyoient les Perfes ,
ayant épuifé tout le tréfor de l’églife , le faint patriarche
emprunta à plufieurs bons Ch r é t iens , environ
mille livres d’or. Comme il les eut confommées
8c que la cherté duroit toujours , perionne ne vouloir
plus lui rien prêter: parce que chacun craignoic
pour foi. Preifé par le befoin des p au v r e s , qu’il
nourriffoit, il étoit dans une grande inquiétude, 8c
redoubloit fes prières. Alors un habitant de la
v i l l e , qui defiroit être diacre , quoiqu’il eût été marié
deux fo i s , voulut profiter de l’occafion ; 8c
n’ofant faire la propofition en face, il lui prefenta
une requête, par laquelle il lui offroit pour les be-
foins des pauvres, deux cens boiifeaux de bled, 8c
cent quatre vingt livresd’o r , s’il vouloit l’ordonner
diacre : alléguant un paifage de faint Paul , pour
prouver que la neceffité doit faire paifer par deiTus
la loi. Le faint patriarche le fit veni r , 8c lui dit en
particulier : Vôtre offrande eft grande 8c vient fore
à propos , mais elle n’eft pas pure. Quant à mes
freres les pauvres, Dieu qui les a nour r is, avant
que nous fuifions nez vous 8c moi , les nourrira
bien encore à prefent, pourvu que nous obfervions
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