
9<i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tioii des évêques. Nous détruifons, ajoute-t-il » p&c
nos exemples , ce que nous prêchons de paroles^
Nos os font confumez de jeûnes , 8c notre efprit
enflé d’orgueil : nous avons le coeur élevé fous des
habits méprifables : couchez fur la cendre, nous
prétendons à la grandeur ; 8t nous cachons des dents
de loups fous des faces de brebis. T o u t ceci regarde
l’exterieur mortifié de Jean de C. P. qui lui attira
le nom de Jeûneur. Saint Grégoire continue : La
conduite Se la primauté de toute l ’églife a été donnée
à faint Pierre, Sc toutefois on ne l’appelle pas
apbtre univerfel ; toute l’Europe eft l ivrée aux barbares,
les villes détruites, les fortereffes ruinées, les
provinces ravagées, les terres incultes, les idolâtres
font maîtres de la vie des infidèles ; ôt les eveques
qui devroient pleurer profternez fur la c en d r e ,
cherchent de nouveaux titres pour contenter leur
vanité. Eft-ce ma caufe particulière que je défens ?
N ’eft-ce pas celle de Dieu ôe de l’églife univerfelle ?
Nous fçavons que plufieurs évêques de C. P. ont ete
non-feulement heretiques, mais herefiarques: comme
Neftorius 8c Macedonius. Si donc celui qui
remplit ce fiege étoit évêque univerfel , toute 1 e-
glife tomberoit avec lui. Pour moi je fuis le fervi-
teur detous les é v êque s , tant qu ils vivent en eVe-
ques : mais fi quelqu’un éleve fa tête contre Dieu,;
j ’efpere qu’il n'abaiffera pas la mienne même avec
le glaive. A y e z donc la bonté de juger vous même
cette affaire , ou d’obliger l’évêque Jean à quitter
ù prétention. Pour obéir à vos ordres, avec je lui ai écrit douceur 8c humilité. S’il veut m’écoute r i laen
v moi
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m o i un fre re entiè rem en t d évoilé : finon il aura pour A n . 595.
ad v e rfa ire , celui qui réfifte aux fuperbes.
Saint Grégoire écrivit à l’imperàtrice Conftanti-
ne f u r lemême fujet, mais avec plus de liberté.' Il
eft trifte, dit-il, que l’empereur fouffre celui qui veut
être appelle fcul évêque Û au mépris de tous les autres.
Il eft vrai que les pechez de Grégoire le méritent
: mais Saint Pierre n’a point de pechez, qui
lui attirent un tel traitement de vôtre tems. Il y a
déjà vingt-fept ans que nous vivons entre les épées
des Lombards ; 8c il n eft pas befoin de dire combien
cette eglife leur donne tous les jours. Je dirai
en un moc, que comme l ’empereur a un treforier
pour fon aimée de Ravenne , je fuis à Rome le tre-
lorier des Lombards." Et cette églife qui fait continuellement
tant d’autre dépenfe, p ou f les clercs,
les monafteres, les pauvres, le peuple, eft encore accablée
de l ’afflidion de toutes les eglifes qui gémif -
fent de 1 orgueil de ce feul homme , quoiqu’elles n ’o-
fént en parler.
Comme Maxime de Salone continuoit toujours
dans fon ufurpation 8e fa défobéïflance, Saint Grégoire
s’en plaint à l ’imperatrice dans la même lettre,
il s appuyé , d i t - i l , fur quelques perfonnes féculié-
r e s , a qui on dit qu’il fait dé grands prefens, aux
dépens de fon églife; 8c refufe de venir me trouver,
fuivant l ’ordre de l’empereur. Pour moi j ’obéis au
prince ; 8e quoique Maxime ait été ordonné à mon
infçu , je lui pardonne ce mépris de bon coeur.
Mais Dieu ne me permet pas de paifer fous filence
fes autres crimes; fçayoir fespechez d’impureté, fon
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