
A n . 6 1 4
Antioch. epifî»
ad Eujlacb'tom*
1.
Auiï. bibl. PP.
p. 10x1. ccd.
16 ,8 H i s t o ï r e È c c i e s i a s t i q u e .
par un de fes amis d eSabarachef des Perfes : fçavoiï
l ’éponge ôc lalance de la paillon,&. les envoya à C. P.
La faintc éponge y fut expoiée à la vûë du peuple
dans la grande églife,étant attachée à la lainte Croix,
à la fête de l’exaltation, le quatorzième de Septembre
de là mêmeannee. La lainte lance fut apportée
le famedi vingt - f ixiéme d’OCtobre : ce qui fut publié
le lendemain dans la grande églife , ôc elle fut
adorée le mardi ôc le mercredi par les hommes, le
jeudi ôc le vendredi par les femmes.
Huit jours avant la prife de Jerufalem, la laure de
faint Sabas fut attaquée par les Arabes : foit qu’ils
fulfent de l’armée des Perfes, foit qu’à l ’occafion
de cette guerre ils fiiTent plus librement leurs cour-
fes ordinaires. La plûpart des moines s’enfuirent
aufli-tôt; il en demeurafeulemcnt quarante-quatre*
des plus anciens ôc des plus vertueux. Ayant ern-
braifé la vie monaitique depuis la jeuneiTe , .ils
avoient blanchi dans ces exercices : quelques-uns
n’étoient point fortis de la laure depuis cinquante
ou foixante ans : quelques-uns, depuis leur entrée
dans le monaftere, n ’avoient point vu la ville. Ainf i
ils ne voulurent point abandonner la laure en cette
occafion. Les barbares en ayant pillé l'églife , prirent
ces faints viei l lards , ôc les tourmentèrent fans
mifericorde pendant plufieurs jou r s , croyant qu’ils
leur découvriroient quelques richelfes : mais enfin fe
voïant fruftrez de leur eiperance , ils entrèrent en
fureur ôc les mirent en pièces. Ces faints reçurent
la mort d’un vifage g a i , ôc avec aéfion de grâces ,
comme délirant depuis long - tems d’être dé-
L i v r e T r e n t e - S e p t i e ’me . - 169
livrez de cette vie , ôc d’aller avec Jefus-Chrift.
’ Leurs corps demeurèrent plufieurs jours fans fe-
pulture : mais les autres moines de la Laure étant revenus
d’Arabie , où ils s’étoient ret irez, en prirent
foin. Un d’eux nommé Nicomede voyant leurs
membres épars fut tellement faifi de l ’horreur de
ce fpectacle, qu’il tomba en défaillance, ôc fut enlevé
comme mort. Modefte abbé du monaftere de
faint Theodofe , raffembla tous les corps de ces
faints, ôc les lava en répendant beaucoup de larmes :
puis les ayant baiiez il les mit dans les fepulcres de
leurs peres ; ôc fit fur eux les prières ordinaires. L’é-
glife honore ces quarante-quatre faints le feiziéme
de Mai. L’abbé Modefte exhorta enfuite tous les
moines de la Laure de faint Sabas , à ne la point
quitter : mais à fouffrir courageufement les perfe-
cutions. Suivant fon confe i l , ils demeurèrent dans
la Laure environ deux mois : enfuite fur le bruit qui
courut d’une autre incurfion de barbares, ils fe réfugièrent
dans le monaftere de l ’abbé Anaftafe, à
v in g t ftades ou une lieuë de Jerufalem , où il n’y
avoit alors perfonne; ôc ils y demeurèrent environ
deux ans. L’abbé Modefte gouverna l’églife de Jerufalem
en l’ablence du patriarche Zacharie ; il prit
foin non feulement de la v i l le ,où il fit depuis rétablir
les éelifes brûlées, mais encore du diocefe, ôc
de tous les monafteres du defert.
Il reçut de grands fecours de faint Jean l’aumônier
patriarche d’Alexandrie,dont la charité éclata
en cette occafion. Les Perfes ayant ravagé toute la
S y r ie , ceux qui purent échapper de leurs mains,
L I iij
Martyr» R. 16»
Mai. Boll.t0.14
p. 616
xr.
Charité de S
Jean l’aum©*- ■
nier.