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A n , 6 10 . avoir demeuré plufieurs années dans la Dure , étant
ordonné prêtre pour fon mér i té , a vo i t aflemblé
une grande communauté dans ce monaf tere , &
y gardoi t les obfervances de la laure : enlorte
q u ’aucun n’écoit mieux réglé dans toute la Palef-
tine. |
| Dans ce même monaftere étoit alors un jeune
•perfan.111 * ' Perfan nouvellement converti. Il fe nommoit Ma-
viu.c.i.Boit. gundat , nat i f de la province de Razech , 8c fils
41«.^ j ’un m^ge } qUi l’inftruifit dès l’enfance dans l’art
magique. Etant devenu grand il porta les armes L
:& fe trouva dans la ville capitale des Perfes, lorf-
q u ’ils prirent Jerufalem. Comme il oüit parler qu.e
l ’on avoit apporté ;la croix , à laquelle avoit été attaché
le Dieu des Chrét iens; 8c dont on racon-
toit plufieurs merveilles : il s’informa du myftere
de cette croix. Il trouva des fideies qui l’en inf-
truifirent ; 8c réflechiflant en lui-même, il diioit :
comment fe peut-il faire , que ce grand Dieu qui
habite le c i e l , & que les Chrétiens adorent, foit
defeendu ici-bas .? A mefure qu’il s’inftruifoit il
goûtoi t la vé r i té , 8c rejettoit les erreurs de la ma-
,gie. Quelque tems après il quitta le fervice , 8c fis
trouvant à Hieraple dans la haute Syrie , il fe
retira chez un Perfan, Chrétien 6c ouvrier dé
monnoye , qui fui apprit fon métier. Il le prioit
fouvent de le faire'baptifer ■: mais celui -c i craignant
les Perfes differoit toujours. Cependant il le
menoit aux églifes, où Magundat voyant les hif-
toires des mar tyrs, en demandoit l’explication, 8c
ad m i roi t leur? fouffranccs & leurs miracles. Il ne
demeura
L i v r e T r e n t e -S e p t i e ’m e ; n a j
demeura pas long-tems avec ce monoyeur , 8cs’en *n
alla à Jerufalem , touché d’un grand defir d’y rece- ’ 1 '
Voir le baptême.
> Il s’y logea chez un autre monoyeur, qui le mena
à Elie, prêtre du faint fepulcre : 8c celui-ci l’ayant
reçu comme envoyé de Dieu , le préfenta au prêtre
Modef te, vicaire du fiege de Jerufalem , pendant
là captivité du patriarche Zacharie. Modefte le fit
baptifer avec un autre, converti de la même fuper-
ftition , 8c dans les mêmes difpofitions. Magondat
reçut au baptême le nom d’Ana f ta fe, 8c paifa les
huit premiers jours chez le prêtre Elie, qui lui de- '• |
manda quel genre de vie il vouloir embraiTer.
Anaftafe le pria de le faire moine : ainfi dès qu’il
eut quitté l’habit blanc , Elie le mena au monaftere
de faint Anaftafe, a quatre milles de Jerufalem, 8c
le mit entre les mains de l'abbé Juf t in, qui le reçut
la dixième année d'Heraclius , indi&ion huitième,
cef t-a-dire 1 an C io . Juftin lui donna pour maître
un de fes difciples, qui lui apprit les lettres grecques
8c le pfeautier , lui coupa les che v eu x , le revêtit de
l ’habit monaf tique, ôc f’éleva comme fon fils. Il
rendoit divers fervices dans le monaftere , particulièrement
a la cuifine 8c aux jardins. Il étoit fort
applique a l office, a la leèture de l ’écriture fainte,
& des vies des Saints : mais celles des martyrs le
touchoient le plus. Le démon lui ramenoit fouvent
£n *a menioire les paroles des enchantemens qu’il
.avoit appris de fon pere. Mais ayant découvert cette
peine a fon abbe3 il en fut délivré par fes prières,
£ç par celle de la communauté . C ’eft ainfi qu’A -
Tome V l l I . ■ q 1