
------- i 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ' .
A n . 590. d’Avril, quinzième de lalune ;c’cft-à-dire le ving*-
fixiéme de Mars : les autres le fécond d’A v r i l , l e
vingt-deuxième de la lune; craignant de faire laPâ-
que avec les Ju i fs , s ils la failoienc le quinzième
jour de la pleine lune. La fete étanc p ro ch e , en
forte qu il n y avoic plus que fept jours , 1 évêque
Meroüee envoïa dire a Chrodielde, que fi elle ne
rendoit 1 abbeife , il ne celébreroic point la Pique,;
& qu aucun catecumene ne feroit baptifé dans la
vi l le de Poitiers. Et fi cela ne fuf f it , ajouta-t-il ,
j aifemblerai les citoïens pour la délivrer. Chrodiel-
de pour reponfe prépara des meurtriers, à qui elle
donna ordre de tuer 1 abbeife fi-tôt qu’on fe met-
troit en devoir de la délivrer par force. Dans ce
tems-là Flavien qui avoir la charge de domeftique,
vint à Poi t iers, Sc fit enforte que l ’abbelfe fe réfugia
dans 1 eglife de faint Hilaire. Mais la fédition
continuoit toujours , & il fe commettoit des meurtres
au fépulcre de fainte Radegonde Sc devant la
chiffe de la fainte Croix.
Enfin le roi Childebert envoïa prier l.e roi Gon-
tran que les évêques des deux roïaumes saffemblaf-
fen.t pour terminer ce defordre fuivant les canons.
Childebert ordonna a Grégoire de Tours de fe trouver
au concile avec Ebregifile de Cologne Sc Me-
roüée de Poitiers : Sc Contran manda Gondegifxle
de. Bourdeaux avec fes fuffragans, Grégoire de
Tours déclara, que les eveques ne s’affembleroient
point fi 1 on ne reprimoit auparavant la fédition
par autorité féculiere. L ’ordre en fut donné au
•comte de Poitiers qui fit attaquer les féditieux. On
L i v r e T r e n t e - C i n q ü i e ’m e ; 3 5
les tira du monaftere de fainte C r o i x , Sc on leur fit ^ N* S?®*
fouffrir divers fupplices : aux uns on coupa les mains,
aux autres le nez ou les oreilles.
v n .
Conc. de Poitiers*
La fédition étant appaifée , les évêques qui
étoient préfens s’aflirent fur le tribunal de l’églile.
Chrodielde avança plufieurs chefs d’accufation
contre l’abbeife. Premièrement, qu’elle avoit à
fon fervice dans le monaftere un homme habillé en
fem m e , Scie montra: car il étoit préfent. Mais il
fe trouva que c’étoit un eunuque , Se que l ’abbeffe
ne le connoifloit point. Chrodielde ScBafine étant G
interrogées pourquoi elles étoient forties du mo- eai ' i6‘
ïiaftere : répondirent qu’on les avoit fait mourir de
fa im, qu’elles manquoient d’habi ts, Sc étoient bat tues
: que des hommes fe fervoient de leur bain:
que des féculiers
que l’abbeife joüoic aux tables
mangeoient avec elle
Sc qu’elle avoit fait des fiançailles
dans le monaftere ; qu’elle avoit habillé fa
nièce d ’un tapis de foye deftiné pour l’autel; Sc
qu’elle en avoit ôté des feüilles d’or , pour lui faire
dés ornemens. L’abbefle répondit pertinemment à
toutes ces accufations, fe foûmettant à telle pénitence
qu’ordonneroient les évêques, fi elle fe trou-
voie avoir failli1 Ils demandèrent à Chrodielde Sc à
Bafine fi elles accufoient leur abbeife pour quelque
crime capital , comme d’homicide ou d’adultere
elles avouèrent que non ; Sc au contraire on repré-
fentades religieufes de leur parti qui étoient groifes..
Enfuite les évêques leur demandèrent raifon de
leur fortie : des violences commifes contre Gondegi-
file , Scies autres évêquesquiavoientvoululesjuger