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548 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
A n 6 6 n ^ uer avec nous > faifons l’union.
Saint M axime dit : Seigneur je n’ofe recevoir v ô tre
confentement par é c r it , fur une affaire de cette
importance, moi qui ne fuis qu’un fimple moine :
mais fî vous êtes véritablement touché de D ieu ,
en vo ye z à Rome fuivant les canons : je veux d ire ,
que l’empereur y envoyé , & le patriarche aveefon
concile. Car je ne puis communiquer avec une
é g life , où l ’on prononce au faint facrifice les noms
de perfonnes condamnées : &c il n’eft plus poffi-
ble de les abfoudre après leur mort. O n le fera ,
d it l ’évêque Theodofe : mais donnez-moi parole ,
que fi on m’envoye vous viendrez avec moi. Saino
Maxime dit : Seigneur, il vous eft plus avantageux
de prendre mon compagnon , qui eft à M e -
lembrie ; c’étoit Anaftafe l ’apocriiîaire ; car il fqait
la lan g e , & eft refpe&é à R om e , à caufe de ce
qu’il fouffre depuis long-tems pour la fo i. T h e o dofe
dit : Nous avons quelque différend enfemble,
& je n’irai pas volontiers avec lui. Seigneur , dit
faint M ax ime, puifque vous le voule z, je vous fui-
vrai par tout 011 il vous plaira. Là-deffus, ils fe
levèrent tous pleurans de jo y e . Ils fe mirent à genoux
, on fît une priere -, puis chacun baifa l ’évan
gile ,la croix, l’image de Jefus-Chrift & celle de
la Vierge ; & ils les touchèrent de leurs mains,
pour confirmation de ce qui avoit été dit. Enfuite
l ’evêque Theod ofe demanda encore quelques
éclairciffemens à faint Maxime , qui lui montra à
fonds les confequenccs abfurdes de la doctrine d’une
volonté & d’une opération; lui expliquant d’une
L 1 V K Ü l K t J N 1 f c - J N JtS U Y I L M E .
maniéré tres-theologique, l ’union de deux natures ' .
en l’incarnation. En fe déparant l ’évêque T h é o -
dofe lui donna quelque peu d’argent, qu’on lui en- *’ 1*’
vo y o it, & deux habits : dont l’évêque de Byzic prit
auilï-tôt une tunique.
Le huitième de Septembre fuivant, où commen- x 1 x.
çoit la quinzième indiéfion,la même année c^c. le s A1“ ord rompu-
conful Paul vint à B y z ie , apportant à faint Maxime
un ordre de l ’empereur, pour le transférer au
monaftere de faint Théodore de Rege,prés d eC .P .
& l’executa fur le champ. Mais quoique cet ordre
portât que faint Maxime feroit mené avec beaucoup
d’honneur & de foin : tant à caufe de fa
vieilleffe & de fes infirmitez , que du rang qu’il
avoit tenu à la cour : toutefois on lui ôta à Rege ,
le peu d’argent qu’on lui avoit donné , fes habits
& le refte de fes pauvres meubles. Le treizième de
Septembre, veille de l’exaltation de la c r o ix , les
patrices Epiphane & T ro ïle vinrent avec une grande
fu ite , bc l ’évêqueTheodofe avec eux. Ils m ontèrent
à la tribune de l ’églife du monaftere ; &
après les complimens ordinaires, ils s’a ffiren t, &
obligèrent faint Maxime à s’affeoir. Le patrice
T ro ïle prit la parole, & lui dit : L ’empereur nous
a envoye z pour vous expliquer fes ordres : niais
dites-nous premièrement fi vous les executerez ou
non. Saint Maxime répondit : Seigneur, que je
fçache ce qu’ordonne fa majefté, & je répondrai.
Mais comme ils infiftoient & témoignoient par
leurs regards & par leurs paroles être aigris de ce
retardement, il leur dit ; je vous déclare en pre-
Z z z iij
• n. ij.