
‘4 o<> H i s t o i r e E c c i e s i a s t i q j ç t e .
Il pratiquoit le premier ce qu’il enfeignoit. D é taché
de tous les biens de ce m o n d e , iitôt que les
rois ou les riches lui avoient donné quelque chofej
il fe plaifoit à le diftribuer aux pauvres qu’il ren-
controit. Il alloit ordinairement à pied, non feulement
dans les villes,mais par la campagne, & s’ar-
rêtoit chez ceux qu’il rencontroit, pauvres ou riches
, pour les inviter à recevoir le b ap têm e , s’ils
étoient infidèles , où s’ils étoient Chrétiens, pour
les fortifier dans la fo i , & les exciter à l ’aumône &
aux bonnes oeuvres. Il vouloir que tous ceux qui
l ’a ccompagnoient, clercs ou laïques, s’appliquaf-
fent tous les jours à lire l ’écriture, & à apprendre
lés pfeaumes. Si le roi l’in v ito it à m an ge r , ce qui
étoit rare , il entroit avec un ou deux clercs ; &
après avoir pris un peu de nourriture, il fe hâtoit
de fo r tir , pour vaquer avec les iîens à la leébure ou
à la p r ie re . A fon exemple les perfonn'es pieufes
de l ’un & de l ’autre fe x e , prirent la coutume de
jeûner toute l’année les mercredis &c les vendredis
jufques à none. N i le rcfpcét ni la crainte n’empê-
choit faint Aïdan de reprendre avec vigueur les per-
fonnes puiifantes : & quand il les recevoit chez
l ui , il ne leur faifoit point de prefent en a rg en t,
mais feulement en vivres ; &c s’ils lui donnoient de
l’argent il en rachetoit des captifs. Plufieurs de ceux
qu’il avoit ainfi d é liv re z , furent fes difciples, & il
en éleva quelques-uns jufques à l’épifeopat. Il y
avoit un p o in t , dans lequel le zele de faint Aïdan
n ’étoit pas aifez éclairé. C ’eft que fuivant la tradition
des Hibernois feptentrionaux, il celcbroit la
L i v r e t r e n t e -ñ ú i t i e -m e Í 407
pâque le quatorzième de la lune, pourvu que ce fût '
un dimanche.
Ofoüald étoit le plus puiifant roi de Bretagne,
commandant aux quatre nations qui habitoient
cette i i le , & qui parloient chacune leur langue
Bretons, Piébes, EcoiTois, & Anglois : toutefois il
profita fi bien des inftruétions de faint Aïdan , qu’il
devint humble, doux aux pauvres & aux étrangers,
8c tres-liberal. U n jour de Pâque , comme il étoit
à table avec le faint évêque, & qu’ils alloient étendre
la main pour bénir le pa in, l ’officier chargé de
recevoir les pauvres, entra tout d’un coup , & lui
dit : qu’il en étoit venu de tous côtez une grande
multitude , qui étoient affis dans les rues attendant
fon aumône. Ofoüald commanda auffi-tôt qu’on
leur portât un plat d’a rg en t, que l’on avoit fervi
devant lu i , & qu’on le mît en pièces pour leur
diftribuer.
Après la mort du pape Honorius , les évêques
des E co ifo is , d’Irlande écrivirent au pape Seve-
rin fon fucceiïeur, qui fut ordonné le vingt-neuvième
de Mai 640. après que le faint fiege eut vac-
qué un an , fept mois & dix-fept jours. Severin
etoit fils d’A v ien u s , & avoit été élu quelque tems
avant fa confecration. Pendant cet in te rva lle , le
palais épifcopal de Latran fut pillé par les officiers
de l ’empereur. Car Maurice cartulaire, de concert
avec quelques méchans, excita les foldats Romains,
en difant : A quoi fert- que le pape Honorius ait
amaifé de fi grandes fommes d’a rg en t, retenant
même ce que l ’empereur a envoyé pour vôtrepaye,
A n . 640.
p 6.
X X .
Severin pape.
Puis Jean IV.
Anaß. in
Sc ver.