
j6o' H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
fupcrieur. C croit des gens intereffez, qui loin de
donner aux pauvres, pilloient les autres, fous pré-
1• texte de pauvreté. Ilsétoientquerelleux,& fouvent
appelloient leurs parens 8c leurs amis, pour les fe~
courir à main armée. Il y avoir auffi des prêtres,
qui pour s’attirer la réputation de pieté, ou pour
conferver leurs dixmes 8c leurs autres profits, s’éri-
geoient en fuperieurs de monafteres, fans avoir pratiqué
la vie monaftique,&recevoient à bras ouverts,
tous ceux qui fortoient des vrais monafteres, dont
ils déchoient la difeipline.
La réglé commune de faint Fruétueux montre la
maniéré de gouverner les différentes fortes de per-
fonnes, qui compofoient fes monafteres. Si un
homme y venoit avec fa femme, & de petits en-
<• fans au-deffous de fept ans ; on les recevoit tous,
à la charge d’être fournis à l’obéïffance. On per-
mettoit aux enfans, tant qu’ils étoient petits, d’être
quand ils vouloient auprès du pere ou de la mere :
mais quand ils avoient atteint l’âge de raifon , on
leur apprenoit la réglé, & on les menoit au mo-
naftere, où ils devoient demeurer, comme offerts
par leurs parens. On leur choififfoit un maître ,
que l’on déchargeoit de tout autre employ , pour
avoir foin de leur nourriture & de leur inftrudtion.
On avoit une attention particulière, à ceux qui en-
« s. troient vieux dans le monaftere : afin de leur donner
les foulagemens neceffaircs, fans entretenir
leurs mauvaiies habitudes ; & les aider a faire une
j,. férieufe penitence. On la faifoit faire rigoureufe à
ceux qui avoient commis de grands crimes, avant
leur
L i v r e t r e n t e - n e u v i e ’m e . / ¿ i
leur converfion. Ils commençoient par une con- — --------
feifion generale de tous leurs pechez : puis on leur
faifoit obferver la penitence canonique , & mener
üne vie plus auftere que la communauté. On recommande
avec grand fo in , lafeparation des mo- «■. r,. « .u.
nafteres des filles d’avec ceux des hommes ; & il y
a de grandes précautions pour les vifites 8c les oc-
cafions qu ils pouvoient avoir de le rencontrer en-
femble. Tous les freres devoient s’affembler le di- <3.
manche pour la meffe, avec une grande attention
a ie reconcilier 8c le corriger chacun de les défauts.
Ces monafteres avoient des troupeaux de brebis
pour fournir dequoi foulager les enfans 8c les vieil- I *
lards, rachefer les captifs 8c exercer l ’hofpitalité.
U n moine etoit chargé du foin des pafteurs. A la
fin de cette réglé eft la formule de la profeffion des
moines conçue en p lu rie r , & commençant par la
eonfeifion de fo i. Saint Fruétueux vécut jufques
vers 1 an 6 70. & l’églife honore fa mémoire le féi- MartJr- R-1«-
zieme d A v n l . I l fu t d’abord enterré à fon mona- f
ftere de M o n te l, mais depuis les reliques ont été
I transférées à Compoftelle.
Saint Eugene de*Tolede mourut peu de tems x x i v .
après ce c o n c ile , l’an neuvième du roi Rece- de
! fuinte. Il fu t d’abord clerc de 1 eglife ro y a le , fo it M Ê *
j la cathédrale de T o le d e , io it la chapelle du ro i. C H^'
L amour de la vie monaftique l’obligea à s’enfuir â
j Saragocc, où il s’attacha aux fepulcres des martyrs,
8c fe fit moine dans l’abbaye de fainte Enora-
I cia. Le roiChindafuinte lui fit vio lence, pour l ’en
tirer 8c le faire ordonner archevêque de Tolede ,
Tome V I I I . B b b b