
8o H i s t o i r e E c c l e s i à s t i q u e ;
interrogé Pierre diacre, Gaudiofedéfenfeur, 8cMiche
l primicier, qui ont été nonces de nos prede.-;
ceiTeurs à Ravenne; & ils ont nié abfolument, que
vous l’aïez ainfi pratiqué en leur preience. Notre
clergé nie auffi ce que vous attribuez au vô t re ,
touchant l’ufage des manipules. Nous le permettons
toute fois à vos premiers djacres , mais feulement
quand ils vous fervent. Cet te lettre eft du mois de
Juillet .59.3.
Jean de Ravenne ne «’y rendit pas , mais il fit
folliciter le pape par l’exarque , par le prefet d’Italie,
8c par les autres perfonnes confiderables qui demeù-
roient à R a v e n n e , de lui accorder fa prétention : ôc
le pape aïantappris, qu'effeêiivement fes predecef-
feurs avoient porté le pallium aux procédions , des
fêtes de laint Jean-B iptide., de faint Pierre ôc dç
faint Apollinaire premier évêque de Ravenne : lui
accorda par provifion de le porter à ces trois fê te s ,
ôc au jour de fon ordination. Mais comme Jean de
Ravenne continua toujours de porter le pallium
hors de l’églife , fans obferver cette redriétion : le
pape lui écrivit une lettre plus forte, qui commence
ainfi: La première chofe qui m’afflige, eft, que
vous m’écrivez d’un coeur double, des lettres pleines
de fiateries , qui ne s’accorde pas avec vos difcours
ordinaires. En fecond l ieu , de ce que vous ufez de
railleries, qui ne conviennent qu’à de jeunes écoliers
: des difcours mordans, dont vous vous favez
bon g ré , ôc de médifances contre ceux que vous
loüezenleurprefence.En troifiéme lieu , que quand
von.s êtes en colere, vous dites à v.os domeftiquçs
" L i v r e T r e n t e C i n q u i e ’m e . s r —— - — .
des injures les plus infâmes. Déplus , vous ne vous A n. 593.
Appliquez point à regler les moeurs de votre clergé,
ôc vous ne le traitez qu’en maître. Enfin , ce qui
montre le plus de hauteur , que vous portez le pallium
hors l’églife. Tou t cela fait v o i r , que vous
met tez l’honneur de l ’épiieopat dans l’oftentation
extérieure, ôc non pas dans l ’interieur. Il l’exhorte
enfuite fortement ôc tendrement à fe corriger de
ces défauts , principalement de la duplicité ; ôc finit
par ces mots: R ép on d e z -mo i , non par des paroles
, mais par vos moeurs.
C e fut vers ce tems-là que faint Grégoire com- x x x v - 1
r r 1 . 1 . / / \ t Dialogues de
pota les dialogues, la quatrième annee de Ion pon- & « Grégoire,
t ificat, à la priere de fes freres , c ’eft-à-dire , des u ini.it.ep.
clercs ôc des moines , qui vivoient familièrement
avec l u i , 8c qui le preifoient d’écrire quelque chofe
des miracles des Saints, dont ils avoient oiii parler
en Italie. C ’efl: ce qu’il dit dans une lettre écrite vers
le mois de Juillet de l’indiétion onzième , en 593. à
Maximien évêque de Syracufc : le priant de lui
écrire les faits de cette nature, qui lui reviendront
en mémoire. Lui même rapporte ainfi l’occafion de
cet ouvrage : Un jour étant accablé de l ’importuni-
te de quelques gens du monde, qui exigent de nous
en leurs affaires, ce que nous ne leur devons point :
je me retirai dans un lieu écar té, où je puffe confi-
derer librement tout ce qui medéplaifoit dans mes
occupations. Ge lieu de retraite, étoit le monaftere
de faint André à Rome , que faint Grégoire avoit
fonde. Il continue : Comme j ’y étois affis très-
pfflige, ôc gardant un long filence , j ’avois auprès
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