
4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
la plus grande partie e ll tirée des fermons de faint
uv.xxxi. ».i. Ccfaire , dont les évêques fe fervoient frequem-
»• s• ment, comme il a été remarqué. Saint Eloi y condamne
tous les relies d’idolâtrie ; comme de con-
« i ^ " u^£er ^es devins & les forciers : d’obferver les éter-
nuëmens -, ou le chant des oifeaux : le jour que l’on
fo r t de la maifon ; ou que l ’on y rentre. Il défend
auffi les maicarades & les feftins du premier
jour de Janvier : les danfes & .les chanfons à la
faint J e an , & aux fêtes des faints. Il défend d’invoquer
les noms des faux d ie u x , comme Neptune,
Orcus ou Pluton ,* Diane , H e rcu le , M in e r v e , le
Genie : de fêter le jeudy en l ’honneur de Ju p ite r ,
ni aucun autre jour que le dimanche & les fêtes
des faints. D e mettre du luminaire ou rendre des
voeux a des temples, des pierres, des fontaines , des
arbres, ou des carrefours. D ’attacher au cou des
. femmes ou des animaux des ligatures, même faites
par des cle rc s , & avec des paroles de l ’écriture.
D e crier pendaqt l ’éclipfe de l ’une , d’appeller fei-
gneurs le foleil & la lune, & jurer par eux : de croire
le deilin , la fo r tu n e , la naiilance heureufe ou
malheureufe : & quelques autres fuperilitions fem-
blables. Il e il à c roire, qu’elles regnoient principalement
chez les peuples nouvellement convertis
de la Belgique.
Saint Eloi avoit fait grand nombre des miracles
de fon vivant ; & il n’en fit pas moins depuis fa
mort. Incontinent après, il apparut la nuit à un
Küi. r.jj h ornme de Ja cour; ge ]ui ordonna d’aller auffi-tôt
dire a la reine Batilde, qu’elle quitta pour l’amour
L l V J t E T R E N T Ë - N E Ü V I E ' m ë .' yf f j
de Jefus-Chrift les ornemens d’or & de pierreries ,
qu’elle portoit encore. Celui-ci n’ayant tenu compte
de cette vifion , faint Eloi lui apparut jufques
a trois fois ; &c enfin il fut failî d’une groife fièvre.
La reine qui v ifito it les malades , le vint v o i r , & _i
lui demanda la caufe de fa maladie. Il lui raconta
ce qui s e to itp a ffé , & auffi-tôt il fut guéri. La reine
obéît fans différer , & ne garda- que des bracelets
d’or. Elle donna tout aux pauvres , a la refer-
ve de ce qui étoit plus curieux , dont elle fit une
croix pour mettre a la tête de faint E loi : elle fit
faire auffi d’or & d’argenr cette efpece de dais ,
qu’ils nommoient l{epa , pour mettre au-deffus de y- cmg. gu f
fon tombeau : difan t, qu’il étoit juile d’orner la fe-
pulture de ce lu i', qui a voit orné celles de tant de
faints. Les g ran d s , a fon e x em p le , y offrirent
grande quantité d’or & de pierreries. Comme cet
ornement avoit un grand é c la t , on le couvroit pendant
le carême d’un linge brodé de foye : mais 40.
quelques jours après , on s’apperçut que ce linge
dégouroit d’une certaine liqueur. On le preffa dans
un vafe ; & cette liqueur fervic à, guérir plufieurs
malades. On vo it ici la coûtume de couvrir pendant
les jours de penitence , ce qu’il y avoit de
brillant dans les églifes.
La reine Batilde gouvernoit alors le royaume :
car le roi Clovis II. Ton époux étoit mort l’an 6$6 .
après avoir régné dix-Jauit ans : & en avoir VeCU C o n t in .i .T r td e g .
feulement vingt & un. Depuis lui, les rois de Fran- n'19'
ce de cette première race , ne firent prefque plus
r ien , par eux-mêmes : laiffant toute l’autorité aux
B b b b iij