
J68 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
des privilèges de Le rin s , d’A g au n e , de Luxeu g &
de tant d’autres établis dans tout le royaume des
François. L ev êqu e promet de donner les ordres à
celui que l ’abbé & la communauté lui prefentera,
pour en exercer les fo n d io n s dans le monaftere.
D ’y bénir un a u te l, & envoyer aux moines tous
les ans le faint ch rêm e , s’ils le demandent. D e
leur donner pour abbé , celui qu’ils auront choifi :
le tout gratuitement. L ’évêquc ni les archidiacres,
ou les autres adminiftrateurs de l e g l i f e , n’auront
aucun autre pouvoir fur le monaftere & les biens
qui lui appartiennent t meubles ou immeubles, ni
fur les offrandes de l’autel. L evêque n’entrera dans
le monaftere , qu a la priere de l ’abbé & des moines
, pour l ’o raifon : & après les faints myfteres,
il fe contentera d’une iîmple b en e d id io n , c’eft-à-
dire , d’un repas modefte , & fe retirera pour ne
point troubler leur repos. Les moines feront corrigez
par l’a b b é , fuivant la réglé , s’il le p e u t , fï-
non l’évêque y tiendra la main. C e privilège porte
pour peine trois ans d’excommunication, & devoir
être fouferit par pluiîeurs évêques. Il tend plutôt
à garantir les moines des ' entreprifes injuftes des
™ mauvais év êques, qu’à les fouftraire à la jurifdic-
tion des bons : & c’eft toutefois l ’origine de leurs
exemptions.
J’ai marqué celle du monaftere de Lerins à l’oc-
eafion du troiiiéme concile d’A r le s , où elle fut
confirmée. Le privilège d’A g au n e , que l’on rapp
o r te , ne paroît pas fûr ; & l’on ne trouve plus
celui de Luxeu, Saint Bertulfe troifiéme abbe de
Bobio,
Sup. ItVé XXXIX
n. 19.
Gai. chr. to. 4.
* L i v r e t r e n t e - n e o v i e ’me. jgp
Bobio, obtint du pape Honorius un privilège pour
ion monaftere : afin , dit J o n a s , qu’aucun évêque vi,a s- Ben. ».
n’entreprît f t ’y exercer aucune domination. E n- 1AÀÎ'*.t.
fuite du privilège de 1 ev êque, Marculfe met la fMr.
confirmation du roi : qui tend principalement à
défendre 1 ufurpation des biens du monaftere ,
comme nous venons de voir dans la charte de C lo -
vis II. pour faint Denis. La troifiéme formule eft
l ’immunite accordée par le roi à une églife. Elle
porte defenfc a tous les juges, d’entrer dans aucun
lieu de fa dépendance, pour y tenir leur audience,
ou exiger des amendes : d’y prendre aucun droit de
gîte ou de repas : ni de rien lever fur les habitans
de fes terres, libres ou ferfs. Le roi fait don de tous
ces droits à l’églife.
Il y a trois ades touchant l ’ordination des évê-
ques. Premièrement l’ordre ou precepte, car on le '• *•
nommoit ain fî, par lequel le roi déclare au métropolitain
, qu’ayant appris la mort d’un tel évêque ,
il a refolu,.de l ’avis des évêques & des grands, de
lui donner un tel pour fucccffeur. C ’eft pou rqu o i,
a jo û te -t-il, nous vous ordonnons, qu’avec les autres
évêques, qui auront reçu nos lettres, vous
ayez a le confacrer félon les règles. Enfixite eft une 6■
autre le t tr e , qui femble être pour un des év ê - 7-
ques de la province. Enfin l ’on vo it la requête
des citoyens de la v ille épifcopale , par laquelle
ils demandent au roi de leur donner
pour évêque un tel, dont ils connoiffent le mérité.
C e dernier a d e fait v o ir , que l’on attendoit le
ch o ix , ou du moins le confentement du peuple i
T om tV H I . C c c c