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“"7 il y avoit long-tems que l’on difoit adorer l’em-
A N • ^ ç l , pcreur.
L ib . ult. cod. Le lendemain dimanche, feiziéme de Juin la
J t7.d'cubf& “bi mefle fu t celebrée dans la même églife de L a tran ,
Gothvfr. pexarqUe craignant la multitude du peuple env
o y a dire au pape : Je fuis li fatigué du voyage, que
je ne puis vous aller vo ir aujourd’h u i , mais fira i
demain fans faute adorer vôtre fainteté. Le lundi
matin il envoya fon cartulaire , & quelques autres
de fa fu ite , dire au pape : Vous avez préparé des
armes & amaifé des pierres pour vous défendre,
& vous avez des gens armez là dedans. Le pape les
envoyea vifiter toute la maifon épifcopalc : pour
rendre eux-mêmes témoignage, s’ils y auroient vù
des armes ou des pierres. Ils revinrent fans avoir
rien trouvé, & il leur nit : V o ilà comme on a toujours
agi contre n o u s , par des fauifetez & des calomnies
: quand Olympius v in t, il y avoit auffi des
menteurs, qui difoient, que je pouvois le repoufler
à main armée.
11. Ils s’en allèrent avec cette rép on fe , mais une
UvédeRoÎe“ " demie heure n’étoit pas encore paiTée , quand ils
revinrent avec des troupes. Le pape malade étoit
couché fur fon lit à la porte de l’églife. Lesfoldats
efitrerent armez d’é cus, de lances & d’épées avec
leurs arcs bandez. Ils briferent les cierges de l’églife,
&c en jonchèrent le pavé ; avec un bruit effroyable
, joint à celui de leurs armes. En même tems
Calliopas prefenta aux prêtres & aux diacres, un
■ ordre de l’empereur pour dépofer le pape Martin ,
comme indigne & intrus, &c de l ’envoyer à C .P .
L i v r e t r e n t e - n e ü v i e ’ m e . 5 0 1
après avoir ordonné un autre évêque à fa place. ,
A lors le pape fortit de l ’églife, & le clergé s’écria en •
prefence de l’exarque & du chambellan Théodore:
Anathême à qui dira ou croira , que le pape Mar- */>/?• h.;
tin a changé un feul point dans la fo i : & à quiconque
ne perfevere pas jufques à la mort dans la
fo i catholique.Calliopas voulant fe juftifier devant
les afïiftans, commença à dire : Il n’y a point d’autre
fo i que la vôtre, ôc je n’en ai point d’autre moi-
même.
Le pape fe livra donc fans rc fîifauce, pour être ij.•?. *s :c.
mené à l ’empereur. Quelques-uns du clergé lui
crioient de n’en rien faire : mais il ne les écouta
pas ; aimant mieux mourir dix fo i s , comme il dit
lu i-m êm e , que d’être caufe qu’on répandît le fang
de qui que ce fut. Il dit feulement à l’exarque :
Laiifez venir avec moi ceux du clergé que je jugerai
à propos. Calliopas répondit : Tous ceux qui
voudront, qu’ils vien nen t, a la bonne heure : nous
ne contraignons perfonne. Quelques-uns des évêques
s’écrièrent : Nous vivrons & mourrons avec
lu i. Enfuite Calliopas dit au pape : V en e z avec nous
au palais. Il y alla donc le même jour ; &c le lendemain
mardi dix-huitiéme de J u in , tout le clergé
vin t le trouver avec plufieurs autres, qui s’étoient
préparez à s’embarquer avec lui, & avoient déjà mis
leurs hardes dans les barques. Mais la nuit fui vante,
vers la fîxiéme heure,c’eft-à-dire à minuit, on tira
le pape du palais, & l’on renferma tous ceux de fa
fuite ; & diverfes chofes qui lui étoient neceifai--
res pour fon voyage : on lui laifla feulement fîx
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