
H i s t o i r e E e c i E s i a s t i q u e .
ftloi honteufement ce que je n’emporterai pas aü
Ciel : Il vaut mieux le donner aux pauvres. Il fit
donc tirer fa vaiflelle d’a rg en t, qui étoit nom*
breufe , & la fit mettre en pièces à coups de marte
a u , pour la'd iftr ibu e r par les mains de perfon-
nés fideles, rcfervant ce qui étoit à l’uiage des
éodifes ; & cet argent fervit au foulagement de plu-
fieurs monafteres d’hommes & de filles. Enfuite il
ordonna un jeûne de trois jours, & une proceffioâ
^enerale, où l ’on portoit la croix &c les reliques des
faints autour des murailles de la ville : à chaque
p o rte , il fe profternoit & demandoit à Dieu avec
larmes, que s’ il l’appelloit au martyre : il ne permît
pas que Ton troupeau fu t réduit en captivité.
La crainte des ennemis a vo it fait accourir le peuple
de toutes parts dans la ville , dont on avoit fermé
les portes, & mis tout en état de défenfe. Alors
le faint évêque appella tout le monde à l’églife , &
demanda pardon a ceux qu’il p ou vo it avoir offen-
fez par des reprimendes trop vives.
Peu de tems après les ennemis approchèrent.
C e u x de la v ille firent une vigoureufe défenfe , &
l ’on combattit jufques au foir. Mais faint Léger
vo y an t le péril où ils s’e x p o fo ien t, leur dit : Ne
combattez pas davantage ; fi c’eft pour moi qu’ils
fo n t venus, je fuis preft à les fatisfaire : envoyons
un de nos freres fçavoir ce qu’ils demandent. Un
abbé nomméMeroalde fo rtit, & s’addrclfa àDiddon :
qui rép on d it, qu’ils ne cefTeroient d’attaquer la
v ille , fi on ne leur liv ro it Leger, & s’il ne promet-
toit fidélité au roi C.lovis : auûrant avec ferment,
%
L i v r e t r e n t e v v i e ’më.
que Theod oric étoit mort; Saint Leger ayant appris
cette réponfe , déclara, publiquement, qu’il
fouffriroit plutôt la mort, que de manquer de fidélité
à fon prince ? & comme les ennemis prcifoierit
la ville par le fer & par lé fe u , il dit adieu à tous
les freres, & après avoir pris la fainte communion,
il marcha hardiment vers la porte, la fit o u v r ir , &
s’offrit aux ennemis. Ils lui firent arracher les yeux:
ce qu’il fouffrit fans felaiffer lier les mains, & fans
pouffer aucun gemiffement : ne faifant cependant,
que chanter des pfeaumes.Vaimer & Diddon donnèrent
àBob on l ’évêché d’Autun , pour le recom-
penfer de V a len c e , dont il a voit été chaffé ; & le
peuple le reçut pour éviter la captivité. A in fi on
n’emmena perfonne : mais on prit cinq mille fous
d’or de l’argent d e l’é g life , outre ce que donnèrent
les citoyens.
Vaimer emmena faint Leger chez lu i en C h am pagne.
Did don & Bobon marchèrent avec A d a l-
r i c , qu’ils vouloient établir Patrice en Provence.
Ils croyoient enlever en paffant faint Gênés archevêque
de Lion : mais le peuple- raffemblé de tous
cotez, défendit fi bien cette grande v ille , qu’ils fu rent
obligez à fe retirer. L ’archevêque mourut
quelque tems après, le premier jour de Novembre £°‘”f' 667'
6 j- j . & eut pour fucceffeur faint L ambert abbé de
Fontenelle après faint Vandrille. A v an t que d’em-
braifer la vie monaftique , il avoit été en grande
confidcration à la cour du roi Clota ire I I I . Saint
Anfbert lui fucceda à F on tenelle, & èn fut le AS¥ ?-s-Ben- tc-
troifiéme a b b é , fuivant la prophétie de faint * !45 “ i}‘