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180 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
dignité & aux foins des ames, fur la menace du
prince ; tout dépendra de fon caprice & il n’y aura
plus déréglé dans l’églife. Hilaire évêque deChi-
cheftre ScBarthelemi d’Exceftre, furent de l'avis
de l’évêque deLondres,qu’ilfalloit çederala necef-
ihé du tems. L’évêque de Lincolne homme fim-
ple & fans ménagement, dit: Il effc clair qu’on en
veut à la viedecethomme, il faut qu’il y renonce
ou à l’archevêché. Enfin Roger de Vorcheftre, en
difanr qu’il ne^vouloit point donner ce confeil, ne
laiifa pas de faire entendre que l’archevêque ne devoir
point quitter la place ou Dieu l’avoit mis.
Enfuiteilsdemeurerencquelque tems en iilencei
& comme ils écoient enfermez l'archevêque pour
trouver un mo'ïen de forcir, dit qu’il vouloit parler
à deux comtes qu’il nomma ôcquiétoient avec le
roi. Ils vinrent avec empreifement ôt le prélat leur
dit : Nous n’avons pas ici ceux qui ont le plus de
connoiflance de cette affaire , c’eft pourquoi nous
demandons un délai jufqu’à demain. On envoya
l ’évêque de Londres & celui de Rocheftre porter
cette réponfe au roi; Scl’évêque de Londres ajouta
du ficn, que l’archevêque demandoit ce délai pour
préparer les pièces de fon compte : voulant par-là
l ’engager à le rendre : maisilfutdéfavoüé par l'archevêque.
Ainfi finit cette feance du concile. A u
fortir les gentils-hommes & les autres qui avoient
accompagné l’archevêque en grand nombre fa
retirèrent, par la crainte du roi ; mais à leur place
il fit aifembler quantité de pauvres, à qui il donna
à manger.
L i v r e S o i x a n t e - o n z i e ’ me . 18I
Le lendemain quiétoit dimanche on fe tint en
repos, & le lundi douzième d’Oélobre on cita encore
l’archevêque & on l'attendit dans l’affemblée :
mais il fut attaqué la nuit précédente d’une colique
violente à laquelle il étoit fujet. On crut qu’il fei-
gnoit d'ctre malade, & on lui envoïa quelques fei-
gneurs à qui il dit : Vous voïez que je ne puis aujourd’hui
aller à là cour, mais j ’irai fûrement demain,
quand je devrois m’y faire porter. Ce jour-
là le bruit fe répandit & on luidi tà lui-même,que
s’ilie préfentoit à la cour , il feroit tué ou mis en
prifon, & comme il ne fe fentoit pas encoreaffez
préparé au martyre, il fuivic l’avis d’uneperfonne
pieufe, qui lui confeilla de dire le lendemain une
meffe votive de S. Etienne premier martyr.
Le mardi matin les évêques vinrent le trouver
allarmez du bruit qui couroit, & ils lui confeil-
loient de fe foumettre en tout à la volonté du roi :
difant qu’autrement on l’accuferoit de parjure dans
cette cour, comme aïant violé le ferment de fidélité
qu’il avoit fait au roi : en refufant d’obferver
les coutumes qu’il avoit même jurées par un ferment
particulier. Illeur répondit : Mes freres, le
monde , comme vous voïez , frémit contre moi:
mais ce qui m’eft le plus fenfible c’eft que vous
m’êtes vous-même contraires. Quand je me tai-
rois,les fiécles futurs raconteront comment vous
m’avez abandonné dans le combat. Vous m’avez
déjà jugé pendant deux jours de fuite, moi qui fuis
votre archevêque & votre pere; & je conjeéture
encore par vos difeours, que vous êtes prêts à me
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