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-------------- delaine le roi d’Angleterre vint dès le grand matitt
A n . 1170» au rendez-vous avec une nombreufe fuite. Thomas
y vint plus tard , accompagné de l’archevêque de
Sens ôc de plufîeurs François, qui étoient venus à
la conférence avec leur roi. Dès que le roi Henri
apperçut Thomas, il fe détacha de fa troupe, alla
au-devant& le falua le premier , la tête nue. Apres
s’être donné la main & s’être embraflez tout acheva
i, ils fe retirèrent à part, le r o i, l’archevêque de
Cantorberi & celui de Sens : le premier fe plaignit
au roi des torts qu’on lui avoit faits Si à fon églt-
fe , ufant de paroles touchantes & convenables au
r.ep. 4¡;. fujet. Enfuite l’archevêque de Sens fe retira, & le
roi s’entretint feul avec Thomas, f i familièrement
qu’il ne paroiifoit pas qu’ils euffent jamais été mal
enfemble ; ce qui furprit agréablement lesaffiftansi
jufques à leur faire verfer des larmes de joie : mais
la converfatioh fut iî longue,que quelques-uns s’efl
ennuïoient.
L ’archevêque reprefenta au roi modeilement la
mauvaife conduite qu’il avoit tenue , & les périls
où il s’étoit expofé , & l’exhorta à rentrer en lui-
même, à fatisfaire à l’églife, décharger, fa confidence
& rétablir fa réputation , attribuant fes fautes aux;
mauvais confeils, plutôt qu’à fa mauvaife volonté.
Le roi l’écoutoit n on feulement avec patience y.
mais avec bonté , promettant de fe corriger ; &3
l’archevêque ajouta : Il eft neceifaire pour votre
falut , pour, le bien de vos enfans & la fûreté de;
votre puiifance, que vous repariez le tort que vous
venez de faire à l’églife de Cantorberi, en faifanfr
L i v r e s o i x a n t e - d o u z i e ’ m è . 333
couronner votre fils par l’archevêque d’Yorc. Le " q"
roi réfiila un peu à cette propofîtion , & prote- 117 1
liant qu’il ne diroit rien par efprit de difpute , il
ajouta ï Qui a couronné Guillaume le conquérant
& les rois fuivans ? N ’eft-ce pas l’archevêque
d’Y o rc , ou tel autre évêque qu’il a plu au roi qui
devoir être couronné ? L’archevêque répondit pertinemment
à cette obje&ion par la déduction hi-
ilorique de ce qui s’étoit paifé en Angleterre depuis
la conquête des Normans, & montra que
hors certains cas extraordinaires , les archevêques
de Cantorberi avoient toujours facré les rois, fans
que ce droit leur fût difputé par les archevêques
d’Yorc.'
Après que Thomas eut long-temps parlé fur ce
fu je t, le roi lui dit : Je ne doute point que l’églife
de Cantorberi nefoit la plus noble de toutes celles
d’Occident ; & loin de la vouloir priver de foii
droit, je fui vrai votre confeil, & ferai enfortequé
fur ce point & en tout autre elle recouvre fon ancienne
dignité. Mais pour ceux qui jufques ici
vous ont trahi vous &c m o i, je les traiterai, Dieu
aidant,comme ils méritent. A ces mots, Thomas
defcenditde cheval pour fe jetter aux pieds du roi;
mais le roi-prenant l’étricr, l’obligea de remonter.
Il parut même répandre des larmes , & lui dit :
Enfin, feigneur archevêque, rendons nous de part
&: d’autre notre ancienne amitié,faifons-nous tout
le bien que nous pourrons,& oublions entièrement
le paifé : mais, je vous prie, faites-moi honneur devant
ceux qui nous regardent de loin. Et comme-
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