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\T-------------- au roi des Romains Henri V I . qui l’avpit époufée
* 1 1 9 0 . ^ cette condition } & tous les comtes du roïaume
de Sicile l’avoient promis par ferment. Mais ce
mariage avoir été fait par le confeil de Gautier archevêque
de Palerme, contre l’avis de Mathieu
chancelier du roïaume, qui partageoit avec lui
l’autorité dans cet état Si qui après la mort de
Guillaume eut le crédit de faire déclarer roi
Tancrede comte de Liche , fils naturel de Roger
premier roi de Sicile, aïeul de Guillaume le Bon.
On fit venir Tancrede à Palerme, où le chancelier
le couronna roi du çonfentemenc de la cour de
%og.p. (7t. Rome. Ce fur donc avec lui que le roi Richard
traita pour le doiiaire de Jeanne fa foeur, veuve du
dernier roi Guillaume, Se pour les autres différends
; Si fit confirmer le traité par le pape Clement,
p. eai. Pendant ce féjour de Meffine le roi Richard afTem-
bla dans une chapelle tous les évêques qui l’accom-
pagnoient, fe profterna à leurs pieds nud en che-
mife, confeiïa fes débauches Si fa vie débordée ;
témoignant une grai
nitence qu’ils lui im
ade contrition, Se reçut la pe-
poferent.
xxviT. Durant ce même féjour, le roi Richard enten-
iÇaSbreTabbeea dit parler de Joachim abbé de Curaçe en Cdabre,
x w j | g | de l’ordre de Cîceaux > qui étoic en grande réputation
pour fa fcience Si fa vertu, & paiîoit pour
avoir le don de prophétie. Richard le fit venir à
Meffine Si l’écoutoit avec plaifir, principalement
en fes explications furl’Apocal y pie. L’abbéjoachim
11. difoit que la femme revêtue du foleil eft l’églife ,
que le dragon qui l’attaque eft: le diable, & fes fept
L i v r e s o i x a n t e-q u a t o r z i e’m e . 393
têtes les fept. principaux perfécuteurs, Herodes ,
Néron, Conftantius, Mahomet, Melfemut, Sala-
din Si i’Antechrift. O11 ne fçait qui eft ce Melfemut.
Les cinq premiers étoient, félon lu i, ceux que faint
Jean dit qui font tombez, Saladin celui qui fub-
fifte, Si l’Antechrift celui qui n’elf pas encore venu.
Il ajoute que Saladin perdroic bien-tôt Jerufalem
Si la terre fainte. Le roi Richard lui demanda quand
ce feroic. L’abbéjoachim répondit : Sept ans après
la prife de Jerufalem p ir Saladin : Pourquoi donc ,
reprit le ro i, fommes-nous venus fi rôt?Votre arrivée
, dit l’abbé, eft fort neceifaire : Dieu vous donnera
la victoire fur fes ennemis, Si rendra votre
nom célébré fur tous les princes de la terre. Il
ajoura que l’Antechrift: étoic déjà né à Rome , Si
qu’il feroit élevé fur le faint fiege, Si donna plufîeuri
autresexplicarions fur cette partie de l’Apocalypfe.-
Toutefois Gautier archevêque de Rotien, Girard
d’A uch , Si plufieursautresprélats Si fçavans eccle-
fiaftiques, contredirent ce qu’il avançoit couchant
P Antechrift, Si s’éforcerent de prouver le contraire.
C ’eftainfi que cette converfation eft rapportée par
Roger d’Hoveden dans fa relation du voïage de
Richard, qui paroic d'ailleurs très-exaéle. Il eft vrai
qu’on ne trouve rien de femblable dans l’explication
de l’Apocalypfe donnée par l’abbé Joachim, ni dans
fes autres écrits ; mais il peut les avoir compofez
depuis Si s’être corrigé, voïanc que les évenemens
ne répondoient pas à fes p réd iro n s .
Joachim éroir né en Calabre à Celique près de
Golence, Si en fa jeuneffe avoit fait le voïage de
F f f f ij:
1190.
Apocal. x i 11. So,
V. Boll, fo.
p.l7b
Vitei ap.
c, l . to. 18. *