
4 16 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q_u e!'
voulant fatisfaire le peuplequi aecouroit de tous
côtez avec empreffement pour le vo ir , il célébra
foleranellement la meffeafaint Marc le quatrième
dimanche de carême, prêcha après 1 evangile, &
après la meffe-donna au duc de Venifc la roie d or.
Le pape partit de Venife la memeiemaine fur
onze galçres, & remontant le Pô arriva en fa ville
de Ferrare le dimanche de la Paffion. Le lendemain
y arrivèrent le patriarche d Aquilec, les^ archevêques
de Rayenne & de Milan avec les évêques
leurs fuffragans , les reékeurs des villes de
Lombardie , les marquis & les comtes.^ Ils s’af-
femblerent le lendemain dans la grande églife àk-
diéé'^à faint Georges, avec une multitude innombrable
de peuple ; le pape leur dit : Vouç fiavez *
mes chers enfans, la perfecution que l egtife a fouf-
ferte de la part de l’empereur qui devoir la proteger
; vous fçavez que l’autorite del eglife Romaine
en a été affbiblie, parce que les pechez demeuroient
impunis & les canons fans exécution; outre les autres
maux ,1a deftruétion des eglifes & des monai-
teres, les pillages, lés incendies, les meurtres fie
les crimes dé toutes fortes. Dieu a permis ces maux
pendant dix-huit ans; mais enfin il a apgaife la tempête
& tourné le coeur de l’empereur a demander
la paix. C ’e ftu n miracle de fa puiffance qu’un
prêtre vieux & defarmé ait pu refifter a la fureur
des Allemands, & vaincre fans guerre un empereur
lipuilfant ; mais c’eft afin que tout le monde con-
noiffe qu’il eft impoifible de combattre contre
Dieu. Or quoique l’empereur nous ait fait deman^
L i v r e s o i x a n t e -t r e i z i e ’ m e . 4 1 7
<3er la paix à Anagni pour l ’églife & pour le roi de ...........
Sicile, & qu’il ait voulu la faire fans vous, nous n’a- A n ' “ 77 *
vons pas voulu la recevoir, çonfiderant avec quelle
dévotion & quel courage vous avez combattu pour
îéglife , & pour la liberté de l’Italie ; & fans avoir
égard ni à notre dignité, ni à la foibleife de notre
âge avancé,nous nous fommes expofezàla mer &
aux périls, pour venir délibérer avec vous fi nous
devons accepter la paix qui nous eft offerte.
.A P rès que le pape eut parlé , les Lombards qui
n’etoient pas moins éloquens que guerriers, lui répondirent
ainfi parla bouche d’un de leurs fages :
Toute l’Italie fe jette à vos pieds pour vous rendre
grâces & vous'témoigner fa joie de l’honneur que
Vous faites,à vos enfans, de venir à eux &r de chercher
les brebis égarées pour les ramener. Nous con-
noiffons par notre propre expérience la perfecution
que l’empereur afaite à l’églife &àvousi:nous
nous fommes les premiers oppofez à fa fureur, &
nous nous fommes mis au-devant pour l’empêcher
de détruire l’Italie,& d’opprimer la liberté de l’égli-
fe ; & pour une fi bonne caufe, no.usn’avQns évité
ni la dépenfe, ni les travanx, ni les pejrtçs , ni les
périls. C ’eft pourquoi, faint perç, il eft;cpnvena-
blc que vous n’acceptiez point fans nous la paix qu’il
vous offre , comme nofis avons refufé celle qu’il
nous a fouvent offerte laps l’églife. Au refte nous
la ferons volontiers avecd’eoipereup,& ,noHs ,ne
lui refufons rien de fis anciens droits fur l’Italie :
mais pour notre liberté que nous avons reçfië de
nos peres, nous ne l’abandonnerons qu’aveeda vie.
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