
4 t H i s t o i r e Ec o l e s i a s t i q o ï .
— - de l’églife établi de toute antiquité ; & aucun laï-
A n. 1 157. que , ni le roi même ne peut donner aux églifes
aucune dignité ni liberté fans l’autorité du pape,
il vouloir montrer par-là la nullité de l’exemption
accordée par le roi Guillaume au monafterede
Bel.
Alors le roi en colere dit : Vous prétendez arti-
ficieufement vous appuyer fur l’autorité que le pape
a reçue des hommes, contre l’autorité royale que
j ’ai reçue de Dieu. C ’eft pourquoi je vous ordonne
par le ferment que vous m’avez fai t , de me faire fa-
tisfaétion, pour ce difeours préfomptueux contraire
à ma dignité 4 ôc je prie,fauf le droit de ma couronne,
tous les évêques préfens de m’en faire jufti-
ce. Il s’éleva dans l’aiTemblée un murmure contre
l ’évêque, que l’on eut peine à appaifer. Le chancelier
même lui fit des reproches ; & le prélat voïant
tout le monde contre lui , fit des exeufes au roi :
foûtenant qu’il n’avoit point ufé d’artifice,ni prétendu
diminuer en rien fapuiflance. Nous n’avons
pas le refte de cette rélation, & nous ne voyons
point comment l’affaire fut décidée: mais ceci fuf-
fit pour nous montrer combien Henri II. roi d’A n gleterre
étoit jaloux des droits de fa couronne, à
l’égard de la puiifance ecclefiaftique. Au refte ce
qu’il difoit que le pape a reçu des hommes fon autorité,
eftfaux à l’égard de la primauté, qui lui appartient
de droit divin, mais à l’égard du droit de
juger feul les évêques dont il étoit ici queftion, il eft
vrai qu’il ne le tenoit que des hommes, par un ufa-
ge fondé fur les fauftes décretales.
L i v r e S o i x a n ï e - D i x i e ’ m e , 4}
A Iami-O£tobre de la même année 1157. l’empereur
Frideric s’achemina en Bourgogne, pour
tenir fa cour à Befançon. Il s’y trouva des ambaf-
fadeurs de plufieurs nations , entr’autres deux légats
du pape Adrien prêtres cardinaux , Roland
du titre de S. Marc & Bernard du titre de S. Clément:
tous deux confiderables par leurs richeiTes ,
leur âge , leur prudence , leur autorité qui les
mettoit prefque au deiTus de tous les autres. Un
jour que l’empereur s’étoit retiré de la foule dans
un oratoire particulier, on les mena devant lu i ,
il les reçût avechonneur& bienveillance : ils le fa-
luerent de la part du pape & de tous les cardinaux,
puis ils lui préfenterent une lettre du pape où il
difoit: Nous avons écrit depuis peu de jours à vôtre
majeftépour lui remettre en mémoire le crime
inoüi commis de notre tems en Allemagne ; étant
fort étonnez que vous l’ayez laiffez impuni jufques
à prefent. Car vous favez comment notre venera-
ble frereEfquil archevêque deLunden revenant de
Rome a été pris par quelques impies, qui le retiennent
encore en prifon; & comment en le prenant
ces feelerats fe font jettez lur lui & les liens
l’épée à la main , & les ont traitez indignement
après leur avoir tout ôté. Le bruit de cet attentat
s’eft étendu jufques aux nations les plus éloignées:
Cependant on dit que vous l’avez diflïmulé, au lieu
d’employer contre les coupables le glaive que vous
avez reçu de Dieu pour la punition des méchans.
Nous n’en comprenons pas la raifon , puifque notre
confcience ne nous reproche point de vous
An. j i 5 7.
xxm.
Différend entre
le pape Adrien
& l ’empereur.
Radevict 1. c. 8.
Gunther. hb>
iv . p . } 67,
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Badr* ep. z .
Rom, x m . 4.