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7 mi public & puni de mort. On difoit encore que I’é-
A N . I K Í 4 . ■ “ 1 c \ n - „ ! • J XT • - r ■ . veque de Saruberi ôc celui de No r v ic , qui etoient
demeurez , alloient être menez au fupplice pour
être mutilez; & ils prioient aulfi larchevcque de
les fauver. Mais il dit à l’évêque d’Exceftre : Re t i rez
vous d’ici vos penfées ne font pas de Dieu.
Thomas con- ^-es évêqueiéparez des feigneurs par la permiidamné,
.. fion du roi délibérèrent entre eux. Leur embarras
étoit extrême. Il falloit encourir l’indignation
du roi, ou condamner leur archevêque pour crime.
conjointement avec les feigneurs : ce qui leur
paroiifoit manifeftemcnt contraire aux canons.Enfin
après avoir bien cherché comment ils fe tire-;
roient de cette fâcheufe neceflhé : ils réfolurent
d’appeller l’archevêque devant le pape, comme
coupable de parjure ; & de s’engager envers le
roi à faire tout leur poffihle, pour procurer fa dé-
pofition: à condition que le roi les déchargeroit
de la condamnation, dont l’archevêque étoit alors
menacé. Aïant pris cette réfolution, ils vinrent
trouver Thomas, & HilairedeChicheftre, lui dit
au nom de tous: Jufques ici vous avez été nôtre
archevêque,& nous avons été tenus deyous obéir.
Mais parce que vous avez juré avec fidejité au roi
& promis de conferver fa dignité,ce qui comprend
l’obfervation descoutumes,que vous voulez aujourd’hui
détruire : nous foûtenons que vous êtes cou-;
pable de parjure & comme tel nous ne devons plus
vous obéir: Nous nous mettons fous laproteéfioti
du pape & vous appelions en fa préfence. Et il
lui marqua le jour. Ils s’aflxrent comme auparavant
Yis-à-vis
L i v r e s o i x a n t e - o n z i e ’ m e . 1 8 5
v i s -à -v is de lui & demeurèrent long-tems dans fi
un profond filence , qui augmenta la terreur des ^
afintans : car comme le roi étoit enfermé avec les c‘
feigneurs pour juger le prélat , on tenoit comme
certain qu’il alloit être arrefté, s’il ne hii arrivoit
pis.
En effet il fut jugé parjure & traître, & plufieurs
feigneurs étant fortis d’avec le ro i , Robert comte
de Leiceftre dit à l’archevêque : Le roi vous mande
de venir lui rendre compte fur les cas dont vous
êtes chargé, finon écoutez votre jugement. Mon
jugement? reprit l’archevêque; & s’étant levé il
ajouta: Comte, mon fils, écoutez vous-même auparavant.
Le roi m’a fait archevêque de Cantor-
beri, parce que je l’avois bien iervi. il l’a fait malgré
moi ; Dieu le fait, & j ’y ai confenti pour l’amour
de lu i , plus que pour l’amour de Dieu , qui
m’en punit aujourd’hui. Toutefois lorfqu’on pro- s
cedoit à mon élection en préfence du prince Hen- î*
ri &c par ordre du roi, on déclara que l’onmeren-
doit à l’églife de Cantorberi libre & quitte de tout
engagementde la cour. Je ne fuis donc point tenu
de repondre fur ce fujet. Le comte dit: Ceci eil
différend de ce que 1 évêque de Londres avoir dit
au roi. L’archevêque ajouta : Ecoutez encore, mon
fils. Autant que l’ameeft plus digne que le corps,
autant devez-vous plus obéïr à Dieu & à moi , qu’à
un roiterreftre : d’ailleurs ni la lo i , ni la raifon
ne permettent que des enfans jugent leur pere.
C ’eff; pourquoi je décline fa jurifdiétion 8c la vôtre,
pour être jugé de Dieu feul, par le miniftere
Tome X F . A a