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gp. t e t . C ayA. ap.
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& leveque de.Bath étant donc encrez dans cette
province, qui étoit le principal refuge de Théréfie,
Roger fe retira dans des lieux inacceifibles -, mais
levêque & l’abbé vinrent à un château très fort, où
fa femme demeuroitavecgrand nombre de domef-
tiques & de gens de guerre, & dont tous les habi-
tans écoient hérétiques ou fauteurs. Les deux prélats
leur prêchèrent la fo i, fans qu’ils ofaifenc rien
répondre & déclarèrent Roger traître, hérétique
& parjure, pour avoir violé la sûreté promife à Té-
vêque. Enfin ils l'excommunierent publiquement
& le défièrent,c’efi-à-dire,lui déclarèrent la guerre,
de la part du pape Si des deux rois, en prefençc de
fa femme & de les chevaliers.
L’évêque de Bath accompagné du vicomte de
Turenne Si de Raimond de Calhelnau trouva dans
l’Albigeois deux autres chefs des hérétiques, nommez
Raimond deBaimiacéç Bernard de Raimond ,
qui fe plaignoient d’avoir été proferits injullement
par le comte de Touloufe & les autres feigneurs ;
& offraient de venir en prefence du cardinal légat,
& y foucenir leur créance, finon leur donnoit sûreté
pour aller & revenir. L’évêque & les deux feigneurs
la leur promirent, pour ne pas fcandahfer
l e s foibles fi on refufoit d’entendre ces deux prétendus
doéteurs. Ils vinrent donc à Touloufe ; ou
Je cardinal Pierre de faint Chryfogone & levêque
de Poitiers auffi légat du p, p e ,a v c c le comte de
‘J’ouloufe &c environ trois cens perfonnes tant clyrcs
que laïques, s’affemblerenc dans leghte cathédialç
de faint Etienne.
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Les légats aïant ordonné? aux deux hérétiques
de déclarer leur créance, ils lûrent un papier où
elle étoit écnce fort au long. Le légat Pierre y
aïant remarqué quelques mors qui lui étoient fuf-
pedts, les invica à s’expliquer en Latin ; parce
qu’il n’entendoit pas bien leur langue, & que les
évangiles & les épîtres font écrits en Latin : or c’é-
toient les feuls textes donc les hérétiques préten-
doienc appuïer leur créance. Ils parloient la langue
du païs, que le petit peuple y parle encore 5C
que nous appelions Gafcôgne, au lieu que les légats
& les autres prélats pour la plûpart parloient
François. Mais ces hérétiques nefçavoientpointdè'
L atin , ce qui parut en ce qu’un d’eux Tarant voulu
parler pût à peine dire deux mots de fuite &
demeura coure ; enforte que pour s’accommoder
à leur ignorance , il fallut parler en langue vu lgaire
des myfteres de la religion ; ce qui paroif-
îbic abfurde. Car nos langues vulgaires venuës du’
Latin éto«ent encore fi imparfaites, qu’à peine
ofoit-on les écrire, ou les emploïer en des matières
férieufes.
Raimond gjÉ Bernard renoncèrent donc aux
deux principes, & confefferentpubliquement qu’il
n’y a qu’un Dieu créateur de toutes chofes : ce
qu’ils prouvèrent même parle nouveau teftamenr,-
Ils confefferent qu’un prêtre, foie bon, foit mauvais
, peut confacrer Teuchariftie ; & que le pain &
le vin y font véritablement changez en la fubftan--
ce du corps & du fang de J. C . Que ceux qui reçoivent
notre baptême, foit enfans foit adultes, font-"
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