
j i 2, H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
quatre mille de tout âge , de tout le x e , Si de
toute condition , réduits ainfi en efclavage. Tel
fut le traitement que firent les Grecs aux Latins
établis chez eux depuis long temps , quoique plu-
iîeurs leur euflent donné en mariage leurs filles ou
leurs parentes. Ce maflacre arriva au mois d’A -
vril n8 z .
Les Latins qui s’étoient fauvez par mer en firent
de cruelles reprefailles. Ils s’affemblerent près
de C . P. & s’y arrêtèrent quelque temps, attendant
l’évenemenc du tumulce ; mais quand ils eurent
appris ce qui s’étoit paffé, ils partirent enflammez
de colere, Si fàifant le tour de l’Helefponc
depuis l’embouchure de la mer Noire , jufques à
celle de la Méditeranée , ils defcendirent dans
les villes Si les places, & firent main-baflefur tous
les habitans. Ils attaquèrent aufli les monafteres
de ces cotez Si des ifles voifines, tuerent les moines
, Si les prêtres Si brûlèrent les monafteres avec
ceux qui s’y éroient réfugiez. Ils en enleverent
des richefles immenfes, dont ils réparèrent leurs
pertes Si firent encore un grand profit. Car outre
ce 'que les citoïens de C . P. avoienr donné
depuis long temps à ces monafteres, ils y avoient
encore mis en dépôt une grande quantité d’or Si
d’argent, que les Latins emportèrent ; Si ils firent
les mêmes ravages aux cotez de Theffalie Si des
autres provinces maritimes, pillant Si brûlant les
villes Si les bourgades. Ils ralfemblerent aufli les
galeres qu’ils trouvèrent en divers lieux, Si armèrent
une flotte formidable contre les Grecs.
Quelques
L i v r e s'o<ix ' a n t e - t r e i z i e ’me. j i j
Quelques-uns âïalit horreur de prendre part à ces
violcnces,s’embarqucrentfurun vaifleau avec leurs
femmes Si leurs enfans & fe retirèrent en Syrie.
Cependant tout ce qu’il y avoitdc grand à C . P.
paflbit le détroit pour aller falqer Andronic ; le
patriarche Theodôfe y alla le derriieravec Jesprin-
cipaux du cierge, & Andronic apprenant qu’il ap-
prochoit de fa tente, alla au devant vêtu d’un habit
violet ouvert pardevanc,qui lui defeendoit feulement
jufqu’aux genoux,avec un bonnet pôinru de
couleur brune. Il feproftenia devant le patriarche,
quietoit achevai, puis s’érant relevé il lui baifales
pieds, 1 appellant te fauveur de l’empereur, l’amateur
du bien, le defenfeur de la vérité, & un fécond
Crhyfoftome pour l’éloquence. Le patriarche
voiant alors Andronic , pour la première fo is , le
trouva tel que l’empereur Manuel le lui.aVoit dépeint
, la taille au-deflus de l ’ordinaire , le regard
farouche, les iourcils d un hommefuperbe, caché,
foucieux Si toujours pcofif ; la démarche fiete, les
maniérés artificieufes S i afleétées. Leur converfa-
tion fut civile en apparence,& ils fe dirent des ve-
ritez qu ils feignoient de ne pas entendre. Andronic
encra eniuitea C . P. ou il étoit abfolument le
maure,aufli-bien que par tout l’empire. Il rendoit
néanmoins tous les honneurs au jeune Alexis,qu’il
fit couronner avec fon époufe Agnès foeur du roi
de France Philippe.
Le roiaume de Jerufalem s’afïoiblifloit de plus
en plus,tant au dedans par ladivifion des feigneurs,
qu au dehors par leur mauvaife conduite avec les
Tome X V . T t t
A N. i i 8 z .
X L III.
A ndi*onic appelle
à C . P.
N icct.p. 16J. D .
xLrr. deE Jtaetr udfuà lreomïa.urac
G . Tyr. x x ii . 1»